Droits LGBT+ : aux États-Unis, le colistier de Kamala Harris visé par un flot de désinformation

tim walz
© SAUL LOEB / AFP
  • Copié
/ Crédits photo : SAUL LOEB / AFP , modifié à
Donald Trump et d'autres républicains servent de caisse de résonance à ces attaques, y compris des accusations fausses selon lesquelles il aurait donné son blanc-seing à une loi protégeant les pédophiles. Tim Walz est également confronté à un torrent de désinformation pour son bilan législatif en matière de droits des personnes transgenres.

Tim Walz, le candidat démocrate à la vice-présidence américaine, est la cible d'attaques virulentes pour son soutien aux droits LGBT+, une vague nourrie par la désinformation qui enfle à l'approche de la présidentielle. Mais la popularité du gouverneur du Minnesota reste intacte, ce qui fait penser que certains électeurs en ont assez des guerres culturelles qui déchirent les États-Unis, où la course à la Maison Blanche s'annonce serrée.

"Tampon Tim"

Donald Trump et d'autres républicains servent de caisse de résonance à ces attaques, y compris des accusations fausses selon lesquelles il aurait donné son blanc-seing à une loi protégeant les pédophiles. Tim Walz est également confronté à un torrent de désinformation pour son bilan législatif en matière de droits des personnes transgenres.

Le colistier de Kamala Harris est "très impliqué dans le monde des transgenres", a lancé le candidat républicain à la Maison Blanche, plein de mépris. Les partisans du milliardaire l'appellent "Tampon Tim", l'accusant à tort d'avoir forcé les établissements scolaires à placer des produits hygiéniques dans les toilettes pour garçons après qu'il a validé une loi prévoyant de mettre gratuitement ces produits à la disposition des "étudiants ayant leurs règles".

Mais sa popularité reste intacte. Par contraste, le sujet de l'avortement, qui n'est plus garanti au niveau fédéral depuis une décision de la Cour suprême à majorité conservatrice, mobilise les électeurs. "Les gens commencent à se lasser des guerres culturelles", dit à l'AFP Todd Belt, professeur à l'Université George Washington. "À l'approche du scrutin, ils veulent qu'on leur parle de problèmes de la vie de tous les jours qui ont un effet concret sur leur bien-être".

Problèmes concrets

Selon un sondage Economist-YouGov publié mi-août, l'inflation est "le sujet le plus important pour les Américains". Comme on leur demandait de citer d'autres sujets "importants", les sondés ont évoqué l'emploi, l'économie, l'immigration, le système de soins et le changement climatique. L'avortement, considéré par beaucoup d'Américains comme au cœur des guerres culturelles, arrivait en sixième place.

"Les électeurs veulent que la classe politique se concentre sur les vrais problèmes de notre pays, dont l'inflation, les droits à l'IVG et le changement climatique", juge pour sa part la présidente de l'ONG GLAAD Sarah Kate Ellis. En mars, une enquête avait conclu que faire campagne sur les questions LGBT+ était une "stratégie perdante" pour les candidats. Ce qui n'a pas empêché les démocrates comme les républicains de faire de ces sujets sociétaux clivants des thèmes forts de leur campagne.

Pour l'heure, les attaques semblent glisser sur Tim Walz qui devance aisément son rival républicain J.D. Vance dans les sondages. Parmi elles, l'accusation vue des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux selon laquelle il aurait signé un texte protégeant les pédophiles du Minnesota. Cela fait longtemps que les militants hostiles aux droits LGBT+ associent la communauté à la pédocriminalité.

Relais par des figures conservatrices

Si le législateur de cet État du nord des États-Unis a bien supprimé une référence à la pédophilie dans la loi locale sur les droits humains, cette suppression n'affecte en rien "les lois pénales relatives aux contacts sexuels avec un enfant", souligne Naomi Cahn, professeur à l'université de Virginie. Des internautes accusent aussi à tort Tim Walz de permettre aux autorités de retirer aux parents leur autorité s'ils empêchent leurs enfants de recevoir des soins de réattribution de genre.

Un post en ce sens publié sur X par l'animatrice conservatrice Megyn Kelly a recueilli plus de 2,5 millions de vues. Le gouverneur a également été ciblé après avoir signé en 2023 une loi accordant une protection juridique aux personnes transgenres se rendant dans le Minnesota pour y recevoir des traitements médicaux illégaux dans leur État d'origine. Des républicains comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis et le gouverneur de Virginie Glenn Youngkin ont connu quelques succès lors d'élections passées avec la rhétorique anti-LGBT+.

Mais contrairement aux démocrates avec le droit à l'avortement, les républicains n'ont guère réussi à mobiliser les électeurs autour des questions anti-trans lors des élections de mi-mandat de 2022. "Cela ne marche pas en ce moment", constate Todd Belt. "Les gens en ont marre". "On ne peut pas gagner une élection simplement en étant contre quelque chose".