"Ce sont des hélicoptères qui ont décollé de l'aéroport d'Alep. Ils ont largué deux barils." Fouad Basbous est journaliste à Saraqeb, une ville située à 30 kilomètres d'Alep, dans la province d’Idlib. Il y a trois jours, il assisté aux bombardements de barils de chlore gazeux.
Des nourrissons, des personnes âgées. "Dans chaque baril, il y avait cinq bonbonnes de gaz de chlore. Elles sont tombées sur des habitations, des bâtiments. Le gaz s'est propagé dans toute la ville et a provoqué des dégâts matériels", raconte le journaliste de 30 ans. Plusieurs observateurs ont par ailleurs constaté les symptômes typiques d'une intoxication au chlore sur une trentaine de victimes. "Ils ont respiré ce gaz intensément. Je suis allé à l'hôpital et j'ai vu 25 personnes malades : des nourrissons, des enfants en bas âge, des personnes âgées… J'ai vu des cas d'étouffements, des gens qui s'évanouissaient", se remémore Fouad Basbous.
Le régime syrien pointé du doigt. "J'ai été très touché mais ce n'est pas la première fois", affirme cet habitant de Saraqeb. Fouad Basbous l'assure : "Les seuls à avoir des hélicoptères qui volent à 5 kilomètres d'altitude, ce sont le régime syrien et l'armée russe". Les combats se sont intensifiés depuis quelques semaines dans la région d'Alep. La ville est coupée en trois. À l'est, les rebelles de l’armée syrienne libre et d’autres groupes islamistes ; au nord, les Kurdes ; à l’ouest, les forces de Bachar al-Assad. 300.000 civils sont pris au piège. "En dehors de mon travail de journaliste, j'ai peur, comme tout le monde, surtout pour les enfants", confie Fouad Basbous.
Pour l'heure, on ignore encore qui a vraiment largué ces barils de chlore. Une enquête internationale doit rendre ses conclusions dans les prochains jours