"Les faits leur donneront tort" : la Chine a reconnu mercredi des "difficultés" économiques mais fustigé le pessimisme de ceux en Occident qui doutent de la capacité du géant asiatique à soutenir la croissance mondiale. Ces commentaires interviennent après la publication ces derniers jours de chiffres économiques décevants pour la deuxième économie planétaire, qui ont conduit à de nombreux articles dans la presse et à une chute des Bourses mondiales.
Le président américain Joe Biden avait également jugé la semaine dernière que la Chine, dont les Etats-Unis font une rivale, était "une bombe à retardement", citant notamment son ralentissement économique. "La reprise économique chinoise (post-Covid) va devoir affronter les vagues et connaîtra une avancée tortueuse, avec inévitablement des difficultés et des problèmes", a déclaré mercredi Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Mais nous n'avons jamais reculé devant les problèmes, nous avons pris des mesures proactives pour les résoudre, et des résultats ont été ou sont en train d'être observés", a-t-il souligné lors d'un point presse régulier. Interrogé sur les critiques occidentales jugeant le ralentissement économique chinois incompatible avec son rôle de moteur pour l'économie mondiale, le porte-parole a dénoncé leur pessimisme. "Un petit nombre de politiciens et de médias occidentaux exagèrent et montent en épingle les difficultés périodiques de la reprise économique post-épidémique en Chine. Au final, les faits leur donneront tort", a estimé Wang Wenbin.
Chômage des jeunes
Plusieurs voyants sont toutefois à l'orange. Les ventes au détail, un indicateur clé de la consommation, ont augmenté de 2,5% sur un an en juillet, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS). Un niveau très en baisse par rapport à avril (+18,4%) et en deçà des attentes des analystes. Le chômage des 16-24 ans atteint également des niveaux record, à plus de 20% selon les chiffres officiels.
Autre signe d'un essoufflement de la reprise, les prêts aux ménages ont atteint le mois dernier leur niveau le plus faible depuis 2009. La production industrielle a également ralenti en juillet (+3,7% sur un an), après 4,4% un mois plus tôt. La Chine est pénalisée par les déboires de plusieurs promoteurs ultra endettés, par la confiance en berne des consommateurs et le ralentissement économique mondial, qui pèse sur la demande en biens chinois et donc sur l'activité.
Mais le gouvernement mise toujours sur son objectif de croissance "d'environ 5%" pour 2023. Du premier au deuxième trimestre 2023, le PIB de la Chine a progressé de seulement 0,8%.
Vers une croissance de 5,2% en 2023
Le porte-parole Wang Wenbin a toutefois préféré souligner mercredi le fait que l'économie chinoise a connu une croissance de 5,5% sur l'ensemble du premier semestre. "C'est trois points de pourcentage de plus que le taux de croissance des Etats-Unis", a-t-il notamment souligné. Il s'est également félicité de la hausse des investissements dans la recherche scientifique ou encore de l'extension des capacités chinoises dans le photovoltaïque.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), a-t-il souligné, l'économie chinoise devrait croître de 5,2% cette année, contribuant ainsi pour un tiers à la croissance économique mondiale. "Nous avons la confiance, les conditions et la capacité d'atteindre nos objectifs annuels de développement socio-économique, de faire avancer le grand navire de l'économie chinoise vers un avenir plus vaste et de continuer à être un moteur de la reprise et de la croissance économique mondiales", a-t-il souligné.
La Bourse de Tokyo a terminé en baisse mercredi et Hong Kong reculait aussi, plombées comme Wall Street et les places européennes la veille par des inquiétudes sur la santé de l'économie chinoise.