>> Les résultats de l'élection présidentielle en Algérie devraient être donnés ce 13 décembre à 11 heures. Le scrutin a été marqué par des affrontement avec des manifestants qui boycottaient l'élection dans le centre d’Alger, et par des bureaux de vote saccagés en Kabylie. Le taux de participation de ce premier tour serait de près de 40%, improbable pour l'éditorialiste d'Europe 1 Vincent Hervouet, qui estime aussi que la France échoue diplomatiquement par son silence sur le sujet.
"39,93%, personne n'y croit. Qu’importe pour qui les Algériens ont voté : l'important, c’est qu’ils n’ont pas voté. Le roi est nu. Le Président en Algérie n’est pas le représentant du peuple mais le représentant de l'oligarchie militaire, le visage du pouvoir sans visage. Il n’est pas l’allié du peuple contre les grands féodaux. Il est leur fondé de pouvoir.
En 2014, ils avaient fait élire Bouteflika muet et paralysé. Cette année, ils l’ont passé par-dessus bord, lui, son frère et leurs protégés. Avant d’imposer un remplaçant. Depuis 9 mois, tous les mercredis, tous les vendredis, revient le Hirak (plusieurs manifestations populaires débutées en février) comme la marée, les étudiants et les manifestants qui dénoncent le système, d’immenses cortèges qui n’arrivent à rien.
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Pendant ce temps, la France regarde ailleurs. Hong Kong, Santiago du Chili et même la Paz, Bagdad, Beyrouth; tous les rebelles l’intéressent ! Mais pas un mot de ce qui se passe juste en face. Quoi qu’elle dise, ce sera retenu contre elle. Alors elle ne dit rien, réfléchit à peine.
L’ambassadeur vit sur les hauteurs d’Alger comme sur une île. Après des années de silence et de manigances, il sera prêt à diriger les espions de la DGSE. Rester muet, sourd et aveugle, c’est le déni français. L’Algérie est le trou noir de sa diplomatie. Cela devrait être sa priorité.
La France a raté les printemps arabes de 2011. Elle a perdu la guerre en Syrie. Elle est incapable de penser le défi migratoire. Mais le pire échec de sa politique arabe, c’est son silence en Algérie."