L'ancien président islamiste Mohamed Morsi a été condamné samedi à la peine de mort. Il était jugé dans le cadre de deux procès pour des évasions de prison et violences durant la révolte de 2011. Premier président démocratiquement élu en Egypte, Mohamed Morsi a été renversé en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi, au terme d'une année tumultueuse au pouvoir. L'ex-membre de la confrérie des Frères musulmans avait déjà été condamné en avril à 20 ans de prison pour incitation à la violence contre des manifestants de l'opposition du temps où il était au pouvoir et il doit encore être jugé dans deux autres procès, l'un pour "outrage à magistrat" et l'autre pour espionnage au profit du Qatar.
Un retour à l'"Egypte antique". Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé cette condamnation à mort de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi par un tribunal égyptien, considérant que le pays était revenu à l' "Egypte antique". Il a aussi reproché aux Occidentaux "regarder en spectateurs cette exécution en Egypte", leur rappelant que la Turquie comme les pays de l'Union Européenne avaient aboli la peine de mort. Il faut dire que le gouvernement islamo-conservateur d'Erdogan, alors Premier ministre, était un proche soutien de l'islamiste Mohamed Morsi après son élection à la tête de l'Egypte en 2012, espérant qu'il aiderait à ranimer l'influence de la Turquie dans la région.
Une centaine de condamnés. Une centaine d'autres accusés, dont le guide de la confrérie Khaïrat El-Shater, ont également écopé de la peine capitale. Cette dernière doit désormais recevoir, pour tous les accusés, recueillir l'avis, non contraignant, du mufti d'Egypte. la peine sera ensuite confirmée ou infirmée par la justice égyptienne. Les condamnés peuvent aussi faire appel.
Durant le procès, Mohamed Morsi et ses co-accusés étaient jugés pour de massives évasions de prison et des attaques visant la police durant le soulèvement de 2011. Dans cette affaire, l'ex-président et des dirigeants de sa confrérie étaient accusés d'avoir planifié ces violences avec des responsables du Hamas et du Hezbollah libanais. Ils sont également accusés de s'être échappés de prison, alors qu'ils avaient été arrêtés quelques jours après le début de la révolte.
Espionnage. Dans une deuxième affaire concernant de l'espionnage, Mohamed Morsi a échappé à la peine de mort, contrairement à 16 co-accusés qui en ont écopé. L'ex-chef d'État était accusé d'avoir fourni entre 2005 et 2013 des informations capitales sur l'Egypte au Hamas basé à Gaza, au Hezbollah situé au Liban ainsi qu'à l'Iran.