Ni foule en liesse, ni flyers, ni goodies. Lundi se tient aux Etats-Unis une convention démocrate virtuelle - crise sanitaire oblige - étape clef de l’élection présidentielle américaine. Elle devrait en effet officialiser la candidature de Joe Biden face à Donald Trump. Alors que l’épidémie de coronavirus n’est toujours pas jugulée dans le pays, l’actuel locataire de la Maison Blanche recule chaque jour un peu plus dans les sondages, qui le donnent désormais à 12 points d’écart en moyenne de son futur adversaire. Invité dimanche d’Europe 1, Nicole Bacharan, politologue franco-américaine, détaille les raisons qui explique l’envol du démocrate face à l'impétueux milliardaire.
Un parti uni derrière son candidat
"Le parti démocrate est un large éventail, qui réunit des conservateurs relativement libéraux et des personnalités franchement à gauche", explique Nicole Bacharan. "Mais la leçon de 2016 (la défaite d’Hillary Clinton, pourtant largement donnée vainqueur face à Donald Trump, ndlr) a été très brutale pour le parti. Une partie des électeurs favorable à Bernie Sanders (leader de l’aile gauche du parti démocrate, ndlr) ne sont pas allés voter pour Hillary Clinton", rappelle notre spécialiste. "Aujourd’hui, à la veille de la convention, le parti apparaît relativement uni derrière Joe Biden, qui a su travailler avec l’aile gauche, avec Bernie Sanders, pour adopter certaines positions et ouvrir ses perspectives", salue-t-elle. "Le projet commun désormais, c’est battre Donald Trump."
Un président qui a perdu son capital électoral face à la crise du Covid-19
"La crise sanitaire, la gestion étatique et la plongée de l’économie on privé Donald Trump de son argument premier. Pendant trois ans, il a gouverné et fait campagne en s’appuyant sur une situation économique florissante : le chômage au plus bas, les cours de la bourse au plus haut, une croissance assez solide", énumère Nicole Bacharan. Or, "tout cela a disparu. Aujourd’hui, il ne reste plus que la personnalité du président." Une personnalité qui certes continue de séduire 40% des Américains, mais dont le caractère clivant freine l'élargissement de cette base électorale. Les électeurs hésitants n’ont pas le sentiment que cet homme-là est rationnel, responsable, capable de faire face aux défis qui se posent à l’heure actuelle."
Une part de l’opinion américaine qui aspire à un retour aux années Obama
"Ce qui domine chez beaucoup d’Americains, c’est une grande inquiétude et une immense fatigue", rapporte Nicole Bacharan. "Les gens ont envie de revenir à une situation normale, au calme, ne plus être préoccupé tous les jours par ce que fait le président. Qu’a-t-il dit ? Qui a-t-il insulté ? Quel scandale a-t-il provoqué ?" À cet égard Joe Biden, 78 ans, ancien vice-président de Barack Obama, incarne ce retour à la normale, aux années d’avant Donald Trump, tout en ayant su se tourner vers l'avenir. Car "il est maintenant flanqué d’une future vice-présidente, Kalama Harris, qui est plus jeune, plus glamour et qui incarne une Amérique multiculturelle, multiethnique", pointe notre spécialiste.