Les Autrichiens retournent aux urnes... pour la troisième fois. L'Autriche vote dimanche pour élire son président, après onze mois d'une campagne sans précédent et un scrutin marqué par de multiples rebondissements.
Les électeurs devront se mobiliser dans les urnes pour départager les deux candidats, le populiste Norbert Hofer (FPÖ) et l'écologiste Alexander Van der Bellen (indépendant). Cette élection est très attendue en Europe : elle pourrait porter pour la première fois à la tête d'un Etat européen un président d'extrême droite.
Un deuxième second tour. Les deux candidats rivaux, Alexander Van der Bellen et Norber Hofer, étaient arrivés au coude à coude lors du second tour de la présidentielle, le 22 mai dernier : le candidat écologiste avait remporté de justesse l'élection, avec 31.000 voix d'avance seulement sur son rival populiste. Mais le FPÖ a réussi à faire invalider le scrutin pour vices de forme, avant qu'il soit de nouveau reporté à cause de bulletins de vote défectueux. L'effet sur les électeurs de cette interminable campagne de onze mois liée à ces contretemps est incertain : dans les sondages d'intentions de vote, les deux candidats restaient au coude à coude à la veille du scrutin.
Qui sont les deux candidats ?
-Norbert Hofer, âgé de 45 ans, est le candidat du parti d'extrême droite FPÖ (parti de la liberté), fondé par d'anciens nazis, qui a lissé son image au fil des ans pour éviter tout dérapage ouvertement antisémite ou xénophobe. Il est le tenant d'une ligne eurosceptique et anti-immigration.
-Alexander Van der Bellen, âgé de 72 ans, est un écologiste libéral. Professeur d'économie à la retraite, il se présente sous l'étiquette d'indépendant. Il défend une économie libérale, l'idée d'une société multiculturelle et veut incarner un rempart contre le populisme.
Une campagne sans merci. Les deux candidats viennent d'achever vendredi une campagne sans merci. Norbert Hofer et Alexander Van der Bellen se sont âprement affrontés lors du dernier débat télévisé, jeudi soir, sur des sujets allant de l'UE à Donald Trump ou encore Marine Le Pen, le tout dans un échange d'insultes et d'accusations mutuelles. Norbert Hofer, au discours habituellement lisse, a notamment accusé Alexander Van der Bellen de mensonges à 24 reprises, selon le décompte du quotidien Kurier, lui prêtant des accointances "communistes" et même un passé "d'espion" dans les cercles de la police politique est-allemande.
Crédit : ROLAND SCHLAGER / APA / AFP
L'extrême droite aux portes de la présidence. Au delà de l'élection au poste essentiellement protocolaire de chef d'Etat autrichien, l'élection présidentielle autrichienne est très observée en Europe pour ce qu'elle pourrait changer dans le paysage politique européen. L'élection de Nobert Hofer, la première d'un président d'extrême droite dans l'UE, serait perçue comme un signe encourageant par ses partis alliés, comme le Front national en France. Le FPÖ défend l'idée d'une Europe qui concède moins de pouvoirs à Bruxelles et a assuré qu'il organiserait un référendum sur l'appartenance de l'Autriche à l'UE si la Turquie rejoignait l'Union.