A chaque fois, le mode de scrutin utilisé pour l’élection présidentielle américaine suscite son lot de critiques. Et pour cause, de nombreux électeurs ont l’impression de n’avoir aucune emprise sur le résultat.
Au "pays de la liberté" et sur la "terre des braves", certains électeurs se sentent moins libres que d’autres de choisir celui ou celle qui présidera à leurs destinées depuis la Maison-Blanche. A la veille de l’élection du président des Etats-Unis, les polémiques sur le fonctionnement du système électoral américain refont surface.
Deux poids, deux mesures ? Ses opposants mettent notamment en lumière le poids prépondérant du vote des citoyens de certains Etats, quand d’autres votants savent pertinemment que leur bulletin de vote n’aura que très peu d’impact sur le résultat final. Comment l’une des plus vieilles démocraties du monde a-t-elle mis en place un système que les critiques les plus acerbes qualifient de "deux poids deux mesures" ? Explications.
- Une élection indirecte
Premier élément indispensable pour bien comprendre le contexte de l’élection présidentielle américaine , cette dernière est indirecte. Cela signifie que les citoyens de chacun des 50 Etats élisent des représentants dont le nombre varie selon la taille de la population de l’Etat en question. Le mieux loti, la Californie, compte 55 grands électeurs, quand les moins bien dotés, le Delaware par exemple, n’en dénombrent que trois.
Ce découpage pousse les candidats à observer les tendances Etat par Etat, et à se désintéresser des sondages nationaux, sans valeur à leurs yeux car potentiellement trompeur. C'était le cas en 2000, quand Al Gore avait obtenu 48,4% des voix, contre 47,9% à George Bush. Mais ce dernier, qui avait mieux réparti ses soutiens, s’était imposé avec 271 voix sur les 538 représentants que compte le collège de grands électeurs. Le futur locataire de la Maison Blanche doit donc réunir au moins 270 voix. Mais l’une des critiques récurrentes de ce système est que l’élection peut potentiellement se solder par un "match nul" (269 voix chacun).
- Le système du "first past the post"
Dans chaque Etat, l’élection se déroule selon le principe du scrutin uninominal à un tour, aussi surnommée "first past the post" dans les pays anglo-saxons. Traduction : quel que soit le rapport de force entre les différentes forces politiques représentées, celle qui remporte le plus grand nombre de voix remporte la totalité des grands électeurs. Un système qui a l’avantage de la simplicité, mais qui est critiqué pour son manque de représentativité. En effet, dans des grands Etats comme la Californie, acquise aux démocrates, les républicains savent pertinemment que leur vote n’aura aucun poids dans la défense des intérêts de Donald Trump.
- Dans les swing states, des citoyens très courtisés
C’est pourquoi les Etats à la culture politique largement orientée, comme le Texas, terre républicaine, sont moins courtisés que ceux où les résultats sont beaucoup plus serrés : les fameux swing states . L’Ohio et le New Hampshire, où Donald Trump est donné gagnant, ou encore la Floride et le Michigan, où Hillary Clinton mène d’une courte tête, sont donc au centre de toutes les attentions. Quand les pères de la nation américaine ont mis en place ce système en 1787, nul doute qu’ils n’imaginaient pas que certains Etats deviendraient cent fois plus peuplés que d’autres, comme c’est le cas aujourd’hui...