Sur l’estrade, le nouveau visage des 5 Etoiles porte un costume sombre et une cravate bleue. Autant son prédécesseur apparaissait hirsute, autant lui est impeccablement peigné. Luigi di Maio, qui a succédé à l'humoriste Beppe Grillo à la tête du parti, affiche sa rupture de style, et sa rupture de ton. Jeudi, pour présenter à Rome son hypothétique gouvernement, le candidat de 31 ans préférait un débit calme et posé aux vociférations de l’humoriste. "Nous faisons quelque chose qui n'a jamais été fait dans l'histoire de notre République, présenter une équipe de gouvernement avant le vote", fait-il valoir, comme un gage de sérieux avant que, les uns après les autres, les 17 ministres potentiels ne rejoignent leur leader sur scène.
Peau neuve. En Italie, à deux jours des élections générales, le Mouvement 5 Etoiles est la première formation en tête dans les derniers sondages. Fondé en 2009, le mouvement s’est longtemps voulu antiparti et antisystème, refusant de s’allier avec d’autres au sein d’une quelconque coalition. Après la mise en retrait de Beppe Grillo, Luigi di Maio veut prouver que son parti, souvent qualifié de populiste, a fait peau neuve. À chaque intervention le message est clair : "Nous sommes prêts à gouverner".
Rassurer les partenaires européens. Au-delà des électeurs, les 5 Etoiles veulent aussi rassurer les partenaires européens et les marchés financiers. Plus question d’un référendum sur la sortie de l’euro comme le souhaitait Beppe Grillo, affirme Andrea Roventini, le potentiel ministre de l’Economie : "Laissez-moi vous dire que l'Italie ne doit pas quitter la zone euro. Nous allons trouver un accord avec la France et l'Allemagne sur un pacte budgétaire européen et renforcer la cohésion européenne", a-t-il plaidé jeudi, et en anglais.
L'amertume du vieux leader. Beppe Grillo n'est pourtant pas complètement évincé. Il sera présent vendredi soir au meeting de fin de campagne des 5 Etoiles. Mais le divorce semble chaque jour un plus consommé. Jeudi matin, sur son blog, l’humoriste italien écrivait : "J’ai eu beaucoup de mots provocateurs et violents … peut-être que cette époque est finie, en tout cas, j’ai essayé de comprendre".