Il existe peut-être un scandale aux incidences écologiques plus importantes que les millions de moteurs diesels truqués chez le constructeur Volkswagen. En relayant une enquête diffusée mardi soir par la chaîne de télévision allemande ZDF, le quotidien Les Échos a mis en lumière les manipulations des camions poids lourds venus de l'Est de l'Europe. Des camions pollueurs, dont les autoroutes allemandes sont bondées…
"Adblue killer". C'est la manipulation d'un liquide surnommé "Adblue", mélange d'urée et d'eau déminéralisée, qui signe le point de départ de l'enquête. Injectée dans le système d'échappement, cette solution permet de transformer 85% des polluants en vapeur d'eau et azote inoffensifs. Seul problème, note Les Échos, le prix de cette "solution miracle". Pour éviter de passer à la caisse, certains transporteurs routiers ont eu l'idée d'équiper les camions de modules, le bien nommé "Adblue killer" (tueur d'Adblue), qui stoppe l'injection mais indique au tableau de bord que le véhicule roule à l'Adblue.
Une conduite propre simulée. Le module peut être installé dans les pays où l'usage d'un liquide anti-polluant n'est pas obligatoire. Des garagistes peuvent également l'installer. Le documentaire de la ZDF explique ainsi que pas moins de 20% des camions issus d'Europe de l'Est et circulant en Allemagne émettent de nombreux rejets de polluants. Ainsi truqués, les transporteurs échappent à une double dépense : l'achat du liquide dépolluant et un règlement moins élevé du péage routier allemand dont le barème est établi en fonction des rejets polluants des véhicules. Selon l'Université d'Heidelberg, près de 110 millions d'euros de recettes de péages échappent ainsi chaque année aux autorités. Quant aux émissions polluantes, elles sont estimées à 14.000 tonnes d'oxyde d'azote.