En Argentine, Emmanuel Macron défend auprès de Milei les accords climatiques et les agriculteurs français

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avec AFP / Crédit photo : Tomas Cuesta / Getty Images South America / Getty Images via AFP , modifié à

Dimanche 17 novembre, Emmanuel Macron a rencontré le président argentin Javier Milei à Buenos Aires, avec pour principaux objectifs de soutenir les agriculteurs français opposés à l'accord commercial avec le Mercosur et de tenter de convaincre l'ultralibéral argentin de ne pas adopter de positions unilatérales en matière de climat.

Emmanuel Macron s'est entretenu dimanche à Buenos Aires avec le président argentin Javier Milei, avec pour objectifs principaux de "défendre" les agriculteurs français opposés à l'accord commercial avec le Mercosur et de convaincre l'ultralibéral argentin de ne pas prendre de mesures isolées sur le climat. 

Avant sa rencontre avec Javier Milei, Emmanuel Macron a rendu hommage aux victimes de la dictature militaire argentine, en particulier les ressortissants français, lors d'une cérémonie à l'église de la Santa Cruz, un lieu de mémoire de la résistance contre le régime militaire (1976-1983). Emmanuel Macron a déclaré : "On ne vous oublie pas", en évoquant les Mères de la Place de Mai et les victimes, parmi lesquelles se trouvaient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon.

"La France ne signera pas le traité Mercosur en l'état"

La visite se déroule dans un contexte de forte mobilisation des agriculteurs français contre le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, qui inclut l'Argentine et le Brésil. Les agriculteurs redoutent une concurrence déloyale, notamment en raison de l'absence de normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe. "L'un des objectifs est la défense de nos intérêt économiques", a indiqué Emmanuel Macron, répondant aux questions des journalistes sur le tarmac de l'aéroport de Buenos Aires. Il rappelle qu'il ne faut pas "céder notre souveraineté alimentaire" et que cet accord "ne doit pas sacrifier l'agriculture européenne". 

Emmanuel Macron, qui a récemment rejeté l'accord "en l'état", a réaffirmé sa position :"La France ne signera pas le traité Mercosur en l'état", souhaitant obtenir des garanties sur le respect des normes environnementales et l'intégration de l'Accord de Paris dans le texte. Bien que la France soit en opposition avec le traité, tel qu'il est envisagé actuellement, le président français doit convaincre d'autres pays européens de ne pas céder aux pressions en faveur d'une signature rapide du traité.

Le climat également au centre des discussions 

Lors de cette visite en Argentine , Emmanuel Macron a mis l'accent sur la nécessité de maintenir l'engagement international sur le climat, dans un contexte où l'Argentine, sous l'influence de Javier Milei, pourrait envisager de se retirer de l'Accord de Paris. L'Argentine a récemment retiré sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, ce qui alimente les spéculations sur une sortie de l'accord, un geste que Donald Trump avait également réalisé pendant son mandat.

Macron a cherché à "raccrocher" l'Argentine au consensus international et aux priorités du G20 , notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique. "Nous devons rester unis sur ce sujet", a insisté le président français, tout en exprimant l'espoir d'influencer l'attitude de Milei sur la question climatique.

La diplomatie face au révisionnisme historique en Argentine

La visite de Emmanuel Macron intervient également dans un contexte politique tendu en Argentine, où le président argentin et sa vice-présidente, Victoria Villaruel, sont accusés de révisionnisme historique. En dépit du consensus international sur les crimes commis par la dictature militaire, Javier Milei a minimisé l'ampleur des atrocités, réduisant le nombre de victimes de 30.000 à moins de 9 000. Cette vision révisionniste est soutenue par certains membres de son gouvernement, qui ont récemment rendu visite à des ex-militaires condamnés pour crimes contre l'humanité.

La rencontre entre Emmanuel Macron et Javier Milei à la Casa Rosada s'inscrit dans le cadre d'une tournée de six jours en Amérique latine, avec un second tête-à-tête après un dîner la veille. Les deux dirigeants ont discuté des intérêts commerciaux bilatéraux et des enjeux du G20, auquel ils participeront ensemble à Rio de Janeiro. Macron a déclaré : "On ne pense pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets, mais c'est très utile d'échanger pour préparer le G20."