Il convainc ses braqueurs de repasser plus tard : "Je ne suis pas tombé sur des lumières"

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Jihane Bergaoui, avec Anaïs Huet , modifié à
Didier aurait pu être la victime, il est finalement devenu le héros. Samedi, dans la région de Charleroi, six individus ont tenté de braquer ce commerçant, qui a réussi un véritable coup de bluff. Il a raconté son abracadabrante histoire sur Europe 1.
TÉMOIGNAGE

C'est l'histoire d'un braqué au sang-froid, et de braqueurs bien trop naïfs. Samedi après-midi à Montignies-sur-Sambre, dans la région de Charleroi en Belgique, Didier, gérant d’un magasin de cigarettes électroniques, voit entrer dans sa boutique six individus. 

"Ce n'est pas à 15 heures qu'on braque". "Il me montrent directement leurs armes", raconte le commerçant au micro d'Europe 1. Avec un incroyable calme, Didier échafaude en deux temps trois mouvements un plan osé. "Je n'ai pas paniqué et je leur ai dit : 'Ce n'est pas à 15 heures qu'on braque, c'est à 18h30 que t'auras plus d'argent'", rapporte-t-il. Les braqueurs, abasourdis, le regardent. "T'es sérieux ?", lui répondent-ils, ahuris. Avec la force de conviction d'un acteur de théâtre, Didier leur assure : "Si vous venez à 18h30, je vous donnerai ma caisse volontiers." Le coup de bluff a marché, et les braqueurs - appâtés par un gain potentiel plus important en fin de journée - tournent les talons ! 

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"Je ne suis pas tombé sur des lumières". Ni une ni deux, Didier saisit son téléphone et appelle la police, à qui il raconte l'invraisemblable scène. "Ils me disent : 'On est perplexes, ils ne vont jamais revenir'", se souvient Didier. Le commerçant est pourtant sûr que les braqueurs ont mordu à l'hameçon, aussi insensé que cela puisse paraître. "Je leur réponds : 'Un : je suis bon vendeur. Et deux : je ne suis pas tombé sur des lumières…'" 

Entendu sur europe1 :
J'ai engueulé les braqueurs en leur disant : 'Je vais vous acheter une montre. 18h30, ce n'est pas 17h30, vous arrivez beaucoup trop tôt !'

"Je leur ai demandé de dégager". Comme l'avait prévu le vendeur de cigarettes électroniques, la bande de malfrats revient… mais avec une heure d'avance ! Entre-temps, des policiers en civil ont commencé à se déployer pour interpeller l'équipée, mais le dispositif n'est pas prêt et l'effectif n'est pas au complet. "J'ai enfermé les policiers dans mon bureau, puis je suis allé dans le magasin. J'ai engueulé les braqueurs en leur disant : 'Je vais vous acheter une montre. 18h30, ce n'est pas 17h30, vous arrivez beaucoup trop tôt !' Je leur ai demandé de dégager. Ils sont repartis !"

"Une bonne blague belge". Décidément, les six voleurs ne doutent pas de la bonne foi du commerçant. À 18h30, ils reviennent, bien décidés à repartir avec le contenu de la caisse du magasin. Mais cette fois, les policiers les attendaient pour les cueillir. "La police est arrivée de tous les côtés et ils se sont faits arrêtés. Ils risquent de grosses peines", indique Didier. En effet, les malfrats pourraient être condamnés à de la prison ferme pour braquage à main armée.

Au micro d'Europe 1, le commerçant préfère rire de sa mésaventure : "C'est une bonne blague belge, on peut le dire."