Aung San Suu Kyi, l'ex-opposante birmane désormais ministre des Affaires étrangères de son pays, est jeudi en Chine pour sa première visite dans ses nouvelles fonctions. Au programme notamment : un controversé barrage financé par Pékin en Birmanie.
Négociations de paix. La Birmanie perçoit la Chine, son premier partenaire commercial, comme sa principale préoccupation de politique étrangère. La relance du projet de barrage de Myitsone (nord de la Birmanie), un chantier de 3,6 milliards de dollars et dont l'électricité sera destinée à la Chine, est une priorité pour Pékin. Aung Suu Kyi espère quant à elle obtenir le soutien du gouvernement chinois pour des négociations de paix avec des groupes armés opérant en Birmanie. Pékin a été l'un des principaux soutiens de l'ancienne junte birmane, qui a maintenu l'ex-opposante en détention surveillée pendant plus de 15 ans.
La Chine, premier investisseur en Birmanie. À l'époque, le méga-projet de Myitsone était perçu comme emblématique de la domination économique de la Chine sur le pays. Mais suite à des manifestations populaires d'opposition à ce barrage en Birmanie, puis à l'autodissolution de la junte en 2011, le régime semi-civil qui lui a succédé a gelé la même année ce projet, provoquant la colère de Pékin. "La Chine va sûrement discuter de (Myitsone) car c'est leur principal intérêt", a déclaré Kyaw Zeya, directeur général au ministère birman des Affaires étrangères. Avec 15,4 milliards de dollars, la Chine reste cependant de loin le premier investisseur en Birmanie.
Première visite à l'étranger. Aung San Suu Kyi a débuté sa visite mercredi soir et devrait rencontrer jeudi le Premier ministre chinois Li Keqiang, puis vendredi le président Xi Jinping. Le choix par Aung Suu Kyi de la Chine pour sa première visite à l'étranger en tant que ministre semble indiquer qu'elle considère la relation bilatérale comme une priorité, après les élections birmanes historiques de novembre ayant mis fin à la domination de l'armée. Si la Birmanie s'est également rapprochée des Etats-Unis durant sa transition démocratique, elle a besoin de l'aide de Pékin pour des négociations de paix avec des groupes armés.
L'armée birmane combat depuis début 2015 une organisation rebelle dans la région de Kokang (nord-est). Ce conflit en zone frontalière a provoqué la fuite de dizaines de milliers d'habitants en Chine, où s'abattent parfois des obus, des incidents qui ont tendu les relations avec Pékin. "Nous sommes prêts à discuter (de la paix) s'ils désirent en parler", a souligné Kyaw Zeya.