Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie intenses ont visé samedi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, au lendemain de la présentation par le président américain Joe Biden d'une feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu avec le Hamas. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a cependant averti que les "conditions" pour arriver à un "cessez-le-feu permanent" n'avaient pas changé et comprenaient la "destruction" du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la "libération de tous les otages" retenus dans le territoire palestinien.
L'armée israélienne, dont les chars sont entrés ces derniers jours dans le centre de Rafah, a poursuivi samedi son offensive dans cette ville frontalière avec l'Égypte, lancée le 7 mai afin, selon elle, d'y détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien. En 24 heures, la guerre a fait au moins 95 morts à travers le territoire, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
À Rafah, les opérations se concentrent en particulier dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des bombardements, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires. "Toute la nuit et jusqu'au matin, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans les secteurs de l'ouest de Rafah, empêchant tout déplacement de civils", a témoigné à l'AFP un habitant de la ville qui n'a pas dévoilé son nom. Il a ajouté que des tireurs israéliens avaient pris position "sur des immeubles surplombant tout le quartier de Tal al-Sultan, rendant la situation très dangereuse".
Des témoins ont également signalé des tirs d'artillerie intenses dans l'est et le centre de Rafah. Dans le centre de la bande de Gaza, le camp palestinien de Nousseirat a été touché par des frappes aériennes. Dans le nord, des tirs d'artillerie ont visé le quartier de Zeytoun, dans la ville de Gaza, selon un correspondant de l'AFP.
Les médiateurs qatari, américain et égyptien ont appelé samedi Israël et le Hamas palestinien à "finaliser" un accord de cessez-le-feu sur la base du plan annoncé par le président américain Joe Biden. "En tant que médiateurs dans les discussions pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages et des détenus, le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte appellent conjointement le Hamas et Israël à finaliser l'accord sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden", selon un communiqué commun publié au Caire et à Doha.
Les informations à retenir :
- Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie intenses israéliennes continuent de viser Rafah
- Une réunion aura lieu dimanche en Égypte avec Israël et les États-Unis sur la question du passage de Rafah
- Le mouvement islamiste palestinien Hamas juge "positive" la nouvelle feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu
- Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué que le gouvernement était "uni dans son désir de ramener" les otages "aussi vite que possible"
- Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé Israël et le Hamas à "saisir l'occasion" afin d'en arriver à une "paix durable au Moyen-Orient"
- L'annonce de Joe Biden est intervenue au moment où les forces israéliennes ont progressé jusqu'au centre de Rafah
- Invité à parler devant le Congrès américain, Netanyahu se dit "ravi"
- Des ministres d'extrême droite israéliens menacent de quitter le gouvernement
Des ministres d'extrême droite israéliens menacent de quitter le gouvernement
Des ministres israéliens d'extrême droite israéliens ont menacé samedi de quitter le gouvernement de Benjamin Netanyahu s'il allait de l'avant avec l'accord sur un cessez-le-feu à Gaza comprenant une libération des otages. Dans des messages sur X, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a dit que son parti allait "dissoudre le gouvernement" alors que Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a affirmé qu'il "ne prendra pas part à un gouvernement qui acceptera le plan proposé".
Invité à parler devant le Congrès américain, Netanyahu se dit "ravi"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit samedi être "ravi" d'avoir été invité à s'exprimer devant le Congrès américain, en pleine guerre entre son pays et le mouvement islamiste palestinien Hamas. "Je suis ravi du privilège de représenter Israël devant les deux chambres du Congrès et de leur dire la vérité sur notre guerre juste contre ceux qui cherchent à nous tuer", a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué diffusé par son bureau.
L'Égypte tient dimanche une réunion avec Israël et les États-Unis sur le passage de Rafah
L'Égypte accueillera dimanche une réunion avec Israël et les États-Unis sur "la réouverture du passage-frontalier de Rafah" vers la bande de Gaza, annonce samedi le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien. Citant "un haut responsable", la chaîne de télévision égyptienne rappelle que Le Caire exige, côté palestinien, "un retrait israélien total" du terminal de Rafah qui relie l'Égypte à la bande de Gaza, et constitue actuellement pour l'aide humanitaire une porte d'entrée cruciale vers le territoire palestinien dévasté par la guerre.
Lorsque l'armée israélienne a lancé ses opérations terrestres le 7 mai à Rafah, elle a pris le contrôle côté palestinien du point de passage éponyme. Depuis, l'Égypte et Israël se renvoient la responsabilité du blocage de l'aide. Les autorités égyptiennes refusent de gérer le point de passage en coordination avec la partie israélienne, préférant œuvrer avec des instances internationales ou palestiniennes.
Une nouvelle feuille de route positive pour le Hamas
Le juge "positive" la nouvelle feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu et de la libération d'otages dans la bande de Gaza dévoilée par le président américain Joe Biden et saluée samedi comme une "lueur d'espoir" après des mois de guerre. Dans une allocution depuis la Maison-Blanche, Joe Biden a appelé le mouvement islamiste à accepter ce plan, soumis selon lui au Hamas via le médiateur qatari. "Nous ne pouvons pas laisser passer" cette occasion d'un accord à Gaza, a lancé Joe Biden au huitième mois d'une guerre dévastatrice dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine selon l'ONU. "Il est temps que cette guerre se termine", a-t-il affirmé.
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La première phase, a dit Joe Biden, serait un cessez-le-feu total, avec un retrait des troupes israéliennes des "zones habitées de Gaza" pour une durée de six semaines. L'arrêt des combats, toujours selon lui, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens enlevés durant l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre contre Israël, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir "permanent" si le Hamas "respecte ses engagements", a ajouté le président américain. La phase suivante du plan comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.
"Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd'hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Gaza, la reconstruction et l'échange de prisonniers", a indiqué le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.
"La guerre ne s'arrêtera pas tant que tous les buts ne seront pas atteints", précise Netanyahu
Sans faire référence au discours de Joe Biden, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué que le gouvernement était "uni dans son désir de ramener" les otages "aussi vite que possible" et que le Premier ministre avait "autorisé l'équipe de négociations à présenter un plan pour atteindre cet objectif".
Mais il a, dans le même temps, souligné que "la guerre ne s'arrêterait "pas tant que tous ses buts ne (seraient) pas atteints", citant "le retour" de tous les otages et "l'élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas". La feuille de route proposée par Israël permet de "maintenir ces principes", poursuit-il.
Antonio Guterres appelle Israël et le Hamas à saisir l'occasion
Ces développements ont suscité un concert de réactions internationales, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelant Israël et le Hamas à "saisir l'occasion" afin d'en arriver à une "paix durable au Moyen-Orient". Cette dernière proposition est "réaliste et "offre une réelle opportunité d'avancer vers une fin de la guerre et des souffrances des civils à Gaza", a commenté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Les réactions des dirigeants étrangers
La proposition "offre une lueur d'espoir et éventuellement une issue pour débloquer le conflit", a commenté la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a promu vendredi la nouvelle feuille de route sur Gaza dévoilée par Joe Biden en vue d'un cessez-le-feu lors d'appels avec ses homologues de la Jordanie, de l'Arabie saoudite et de la Turquie. "Nous ne pouvons laisser cette occasion filer", a commenté en Israël le Forum des familles d'otages, en appelant la société civile à se mobiliser pour pousser les dirigeants politiques à accepter et mettre en œuvre la proposition.
"Pas négociables"
Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait indiqué vendredi que son mouvement avait informé les médiateurs que ses "exigences", surtout un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Gaza, n'étaient "pas négociables". L'annonce de Joe Biden est intervenue au moment où les forces israéliennes ont progressé jusqu'au centre de Rafah, ville du sud de la bande de Gaza devenue l'épicentre du conflit, et pris le contrôle du "Corridor de Philadelphie", une zone tampon stratégique à la frontière entre ce territoire palestinien et l'Égypte.
Israël a juré de "détruire" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne, après l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du mouvement islamiste infiltrés de Gaza dans le sud du territoire israélien. Plus de 1.189 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans l'attaque, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Et sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée israélienne.
En riposte, l'armée a assiégé la bande de Gaza et lancé une campagne de bombardements suivie d'une offensive terrestre. Plus de 36.280 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.