EN DIRECT - Guerre au Proche-Orient : Washington met en garde Israël contre un nouveau Gaza au Liban

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avec AFP/Crédits photo : Eyad BABA / AFP
L'armée israélienne poursuit ses bombardements intenses sur la banlieue sud de Beyrouth où elle dit viser des positions du Hezbollah. Lors d'un entretien téléphonique, Joe Biden a demandé à Benyamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact sur les civils" au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en "affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah". Suivez notre direct.

Les Etats-Unis ont mis en garde Israël mercredi contre toute offensive au Liban qui "ressemblerait" à ce qu'il s'est passé dans la bande de Gaza, au moment où l'armée israélienne a promis de combattre "sans répit" le Hezbollah. La veille, Benjamin Netanyahu avait averti que le pays pourrait subir les mêmes "destructions et souffrances" que Gaza, et appelé les Libanais à "libérer leur pays" du Hezbollah, mouvement islamiste allié de l'Iran.

Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien, en riposte à l'attaque du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien. La guerre s'est étendue récemment au Liban et s'accompagne d'une escalade entre Israël et l'Iran, qui soutient le Hezbollah libanais et le Hamas.

"Je dis très clairement qu'il ne devrait pas y avoir d'action militaire au Liban qui ressemblerait à Gaza et dont le résultat ressemblerait à Gaza", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller. Alors qu'Israël a annoncé élargir son offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud du Liban, Benjamin Netanyahu s'est entretenu mercredi par téléphone avec le président américain Joe Biden, pour évoquer notamment le projet d'Israël de frapper l'Iran, en réponse à l'attaque de missiles lancée par Téhéran le 1er octobre.

Plus d'informations à suivre : 

- Lors d'un entretien téléphonique, Joe Biden a demandé à Benyamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact sur les civils" au Liban, en particulier à Beyrouth

- La veille, Benjamin Netanyahu avait averti que le pays pourrait subir les mêmes "destructions et souffrances" que Gaza

L'entretien, auquel a participé la vice-présidente américaine Kamala Harris, candidate à la Maison Blanche, est le premier depuis près de deux mois entre les deux dirigeants, dont les relations sont tendues. Selon le compte-rendu publié par la Maison Blanche, Joe Biden a demandé à Benjamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact sur les civils" au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en "affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah".

 

Ce communiqué ne donne pas de détails sur la riposte attendue à l'attaque de missiles iranienne mais souligne que le président américain et le Premier ministre israélien ont convenu de "rester en contact étroit ces prochains jours, directement et via leurs équipes de conseillers à la sécurité nationale". 

Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a promis que la riposte de son pays serait "mortelle, précise et surprenante". 

"Frapper intensément"

Après avoir affaibli le Hamas dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a déplacé depuis la mi-septembre le front de la guerre vers le Liban. Israël cherche à éloigner le Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban et à faire cesser ses tirs de roquettes pour permettre le retour dans le nord d'Israël des quelque 60.000 habitants déplacés.

Après une campagne de frappes aériennes massives lancée le 23 septembre contre les bastions du Hezbollah, Israël mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du Liban, élargie cette semaine aux zones côtières du sud-ouest du pays.

 

"Nous allons continuer de frapper le Hezbollah intensément, sans leur laisser le moindre répit ni la moindre occasion de se remettre", après les "dégâts importants" qu'il a subis, a déclaré mercredi le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi.

Mercredi, un homme et une femme ont été tués par les tirs de roquettes à Kiryat Shmona, une ville du nord d'Israël située à deux kilomètres de la frontière libanaise, selon les secours israéliens. Le Hezbollah a revendiqué des tirs de roquettes sur des villes et des cibles militaires dans le nord d'Israël et le sud du Liban, et assuré avoir repoussé à deux reprises à l'aube des incursions israéliennes.

Les bombardements aériens se poursuivent notamment sur la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du Hezbollah, visé mercredi soir par une nouvelle frappe. Cinq secouristes ont été tués dans une frappe israélienne sur une caserne de la Défense civile à Dardeghaya, à une vingtaine de kilomètres au nord de la frontière israélienne, a annoncé la défense civile mercredi soir.

Depuis le début des affrontements il y a un an entre Israël et le Hezbollah, une centaine de secouristes et pompiers ont été tués au Liban, selon un bilan de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Selon les autorités libanaises, un bombardement a par ailleurs fait quatre morts dans la région du Chouf, au sud de Beyrouth, jusqu'à présent plutôt épargnée, tandis que l'armée a affirmé avoir détruit "100 cibles terroristes du Hezbollah" en 24 heures. Depuis octobre 2023 et le début des échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont près de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. 

Le coordinateur de la branche humanitaire de l'ONU, missionné sur le Liban, Imran Riza, a indiqué à New York que le pays faisait face à "l'une des périodes les plus meurtrières" de son histoire. Il a évalué à 600.000 le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du Liban, dont plus de la moitié sont des enfants.

L'agence officielle syrienne a par ailleurs fait état de raids aériens israéliens tôt jeudi sur une usine automobile et sur une "position militaire" dans le centre du pays, qui selon elle n'ont pas fait de victimes. Mercredi, l'armée israélienne avait annoncé avoir tué un membre du Hezbollah dans une précédente frappe en Syrie.

"Un enfer sans fin"

Dans la bande de Gaza, d'intenses bombardements ont visé mercredi le secteur de Jabalia, dans le nord, selon la Défense civile, encerclé depuis plusieurs jours par l'armée qui a appelé ses habitants à évacuer, affirmant que le Hamas cherchait à y reconstituer ses capacités. Selon le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, "au moins 400.000 personnes sont prises au piège dans ce secteur". "Le nord de Gaza: un enfer sans fin", a-t-il affirmé sur X.

A l'unanimité, le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les Etats-Unis, a mis en garde mercredi Israël contre le vote d'une loi qui interdirait cette agence vitale pour le déploiement de l'aide humanitaire à Gaza, mais qu'Israël accuse d'employer des "terroristes". La guerre a réduit en ruines des secteurs entiers du petit territoire assiégé et déplacé la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants.

Au moins 42.010 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Du côté israélien, l'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.