Voir des enfants handicapés partager les mêmes activités que leurs copains valides dans une aire de jeux est devenu possible en Hongrie grâce aux équipements "inclusifs" mis au point par un groupe de parents motivés.
Une initiative née d'une frustration. "Les enfants handicapés ont le droit de s'amuser aussi". L'affirmation d'Eszter Harsanyi, mère d'un garçon de sept ans atteint d'épilepsie, peut sembler évidente mais elle était loin de s'appliquer aux squares de jeux en plein air : toboggans, balançoires, tourniquets ne sont pas faits pour eux. "Nous étions frustrés de voir nos enfants, handicapés et valides, s'amuser ensemble à la maison mais pas à l'extérieur", explique cette mère de famille hongroise.
Des structures ingénieuses et sécurisées. L'idée a germé en 2013 de mettre au point des équipements ludiques plus adaptés. Eszter Harsanyi et quatre autres parents ont créé leur entreprise, MagikMe, en 2014. Les modules qu'ils ont élaborés avec designer et ergothérapeute équipent désormais une trentaine d'aires de jeux à Budapest et trente autres dans le reste du pays. Sur la structure baptisée "papillon", qui ressemble à une fleur sur ressort, Aron, le fils de Eszter Harsanyi, peut ainsi s'allonger sans risque sur un des pétales en se tenant à des poignées tandis que des "ailes" empêchent les chutes. Les copains valides se balancent sur les "pétales" d'à côté, en position assise. Un ingénieux bac à sable surélevé permet également aux enfants handicapés de creuser allongés aux côtés d'enfants non handicapés.
Mêler enfants handicapés et valides. "Cela fait progresser Aron d'être mêlé à des valides, explique sa mère, tandis que les enfants non handicapés apprennent à jouer avec des bambins différents d'eux, à parler, rire avec eux, à les écouter". C'est l'expérience d'Arpad Koncz, un père de famille rencontré par l'AFP près de l'une des installations. Il explique que, dans cette aire de jeu pas comme les autres, son enfant valide a pour la première fois rencontré "des enfants différents". "C'est bien que cela se produise le plus tôt possible", constate-t-il. "Le manque d'aires de jeux partagés n'est pas qu'un problème hongrois", observe Eszter Harsanyi alors que MagikMe prévoit de se développer en Autriche et en Slovaquie.
Le 3 décembre, dimanche, a été décrétée "journée internationale des personnes handicapées", à l'initiative de l'ONU.