EN IMAGES - Retour sur cinq ans de guerre en Syrie

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Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d'habitants avant le conflit, 13,5 millions de personnes ont été affectées ou déplacées par la guerre, selon l'ONU. 

En cinq ans, plus de 270.000 Syriens sont morts, victimes de la guerre qui oppose le président Bachar al-Assad à ses opposants. Sur les 25 millions d'habitants que comptait le pays en 2011, 13,5 millions de personnes, soit près de la moitié, ont été déplacées, selon les chiffres fournis par l'ONU en janvier 2016. 

Un pays en ruine

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie, a comptabilisé 271.138 morts. Parmi eux, 79.106 civils dont 13.500 enfants et 8.760 femmes, un bilan donné le 23 février 2016. Celui-ci n'inclut pas les milliers de disparus dont on ignore le sort, opposants dans les geôles du régime et membres des forces loyalistes capturés par les rebelles et les groupes jihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI).

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Selon une organisation humanitaire syrienne, 177 hôpitaux ont été détruits et près de 700 membres du personnel de santé tués depuis 2011.

Les enfants, premières victimes

Les enfants syriens figurent parmi les premières victimes de cette guerre. "Au moins 250.000 enfants vivent en état de siège brutal dans des zones (...) devenues de véritables prisons à ciel ouvert", a dénoncé l'ONG Save the Children. Depuis le début du conflit, 3,7 millions d'enfants sont nés, ce qui représente un jeune Syrien sur trois, qui n'a connu, pour le moment, que la guerre. 

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"N'importe quel enfant ayant vécu ces cinq dernières années n'aura jamais connu la Syrie dont se rappellent ses parents. Écoles, hôpitaux et parcs ont été réduits à l'état de ruines par les bombes", regrette l'agence de l'ONU pour l'enfance. Au total, le conflit affecte aujourd'hui 8,4 millions d'enfants syriens, soit plus de 80% d'entre eux, qu'ils soient en Syrie ou exilés, selon l'Unicef.

Des millions de réfugiés

La Turquie est aujourd'hui la principale terre d'asile des réfugiés syriens, accueillant sur son sol entre 2 et 2,5 millions de Syriens. Le Liban en accueille quelque 1,2 million, selon des sources officielles. Plus des deux tiers vivent dans ce pays dans une "pauvreté extrême", selon l'ONU.

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En Jordanie, quelque 630.000 Syriens sont enregistrés auprès du HCR, mais les autorités évaluent leur nombre à plus d'un million. 225.000 Syriens sont réfugiés en Irak et 137.000 en Egypte. Les réfugiés font face à la pauvreté, à des problèmes de santé et des tensions croissantes avec les communautés locales où ils vivent dans des structures provisoires et des conditions très difficiles. Une grande majorité des réfugiés syriens se trouvent toujours dans les pays de la région, mais ils sont de plus en plus nombreux à se rendre en Europe après un périple dangereux et incertain.

L’utilisation d’armes chimiques

Outre les bombardements, la population syrienne a dû faire face à des attaques chimiques. En janvier 2013, Le Monde révélait l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad contre ses opposants. Après ces révélations, l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a mené une grande campagne de destruction de l'arsenal chimique syrien de 2013 à 2014. Un an après la fin des opérations, en août 2015, l’OIAC affirme que du gaz moutarde a été utilisé lors d'affrontements qui opposaient des djihadistes de l'Etat islamique (EI) à un autre groupe rebelle.

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La télévision syrienne a diffusé des images des équipes de l'OIC qui inspecte des lieux tenus secrets où le régime a entreposé ses armes chimiques. 

Madaya, ville symbole des assiégés

Lorsque les villes ne sont pas la cible de bombardements, le régime de Bachar al-Assad utilise une forme d'arme : le siège. En janvier 2016, l’histoire de la petite ville de Madaya a ému le monde entier. La population de cette ville proche de la frontière avec le Liban, assiégée par les forces loyalistes, était en train de mourir de faim. Des photos diffusées par les nombreux activistes sur les réseaux sociaux montraient des habitants se nourrir de feuilles d’arbre. Certains avaient même dû tuer des chats et des chiens pour survivre, confiait à l’époque un militant local dans les colonnes du journal Le Monde.

Quelques jours plus tard, des convois humanitaires étaient autorisés à se rendre dans la ville pour apporter de l’aide et de la nourriture à la population. Mais en mars 2016, la livraison de médicaments et de vivres demeuraient très compliquées. 

LOUAI BESHARA / AFP

Le cas de Madaya n'est pas isolé. En près de cinq ans de conflit en Syrie, les sièges sont devenus une arme de guerre redoutable utilisée principalement par le régime mais également par les rebelles et l'organisation jihadiste Etat islamique (EI). 

Près d'un demi-million de personnes (486.700 exactement) vivent assiégées en Syrie, dont plus de la moitié par le régime, alors qu'un total de 4,6 millions de personnes vivent dans des zones dites "difficilement accessibles", selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).