La Francophonie, réunie à partir de jeudi à Erevan en Arménie, doit nommer à sa tête une Rwandaise, consacrant ainsi la victoire de l'Afrique, mais aussi celle du président français Emmanuel Macron, héraut d'une vision plurilinguiste de la défense du français.
Une ministre rwandaise en lice. Le président français se rend à Erevan auréolé d'une victoire, avec la nomination de sa candidate, Louise Mushikiwabo, prévue pour vendredi après-midi à la fin du Sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), une sorte d'ONU de poche de 84 États et gouvernements.
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La ministre rwandaise des Affaires étrangères a le chemin libre depuis que le Canada a annoncé, avec le Québec, qu'il retirait son soutien à la secrétaire générale sortante, la Canadienne d'origine haïtienne Michaëlle Jean, qui briguait un nouveau mandat. Louise Mushikiwabo, adoubée par la France d'abord, a reçu le soutien essentiel de l'Union africaine présidée cette année par le Rwanda.
L'Afrique, un continent largement francophone. En vertu de son explosion démographique, l'Afrique, continent sur lequel se trouvent 27 des 54 membres de l'OIF ayant droit de vote, représentera 85% des francophones en 2050, sur un total de 700 millions, contre 274 aujourd'hui, selon l'OIF. "Le centre de gravité de la francophonie aujourd'hui, il est en Afrique", a récemment répété sur la radio RFI le secrétaire d'État français en charge de la Francophonie, Jean-Baptiste Lemoyne.
Le Rwanda, ce pays qui enseigne l'anglais plutôt que le français. La prochaine nomination de Louise Mushikiwabo consacre ainsi le "retour" de l'Afrique à la tête de l'OIF, qui avait toujours été dirigée par des Africains avant Michaëlle Jean. Cette logique a eu raison des critiques qu'a suscitées la candidature Mushikiwabo, en particulier sur son rapport assez lointain avec la francophonie.
Le Rwanda a ainsi remplacé en 2008 le français par l'anglais en tant que langue obligatoire à l'école, avant de rejoindre le Commonwealth, pendant anglophone de l'OIF, un an plus tard. C'est d'ailleurs en anglais que le président rwandais Paul Kagame avait annoncé la candidature de sa ministre, à Paris en mai.
Un plurilinguisme mis en avant par Macron. Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on souligne que le plurilinguisme du Rwanda, loin d'être un handicap, "illustre parfaitement" la politique inclusive du président, qui veut défendre le français sans l'opposer aux autres langues, une position contestée par nombre de "puristes".
Un pays autoritaire ? La langue n'est cependant pas le seul grief fait à la candidature rwandaise, accusée d'être contraire à la charte de l'OIF, qui a inscrit "le soutien aux droits de l'Homme" parmi ses missions premières. Le Rwanda pratique "censure, menaces, arrestations, violences, assassinats" contre les journalistes qui osent dénoncer l'autoritarisme de ses dirigeants, a récemment dénoncé Reporters sans frontières (RSF).
L'embarrassante candidature de l'Arabie saoudite. Le Sommet d'Erevan devra se saisir d'un autre dossier sensible : la candidature contestée de l'Arabie saoudite, qui souhaite rejoindre l'OIF en tant que simple observatrice, donc sans droit de vote. L'embarrassant dossier saoudien fait froncer plus d'un sourcil, étant donné les violations des droits de l'Homme dans le royaume, encore illustrées par la récente disparition de l'opposant Jamal Khashoggi. La candidature saoudienne est d'autant plus embarrassante que l'OIF doit entériner à Erevan une résolution sur "la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes".
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