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Romain David
Interrogé par Fabienne Le Moal sur Europe 1, Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, estime que la France est en mesure d'organiser un rapatriement collectif des enfants français de djihadistes, toujours détenus dans des camps.
INTERVIEW

Depuis des mois, il a pris fait et cause pour les enfants des djihadistes français partis en zone irako-syrienne. Maître Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, milite pour que la France fasse revenir ces jeunes mineurs, alors que le gouvernement a déjà balayé à plusieurs reprise l’hypothèse d’un rapatriement collectif.

"Jusqu’à présent, 12 enfants sont rentrés, qui étaient complètement orphelins. On s’est aperçu de leur état de santé effrayant", rapporte cet avocat au micro de Fabienne Le Moal samedi, sur Europe 1. Mais plusieurs centaines de fils et de filles de djihadistes, certain nés dans le califat autoproclamé du groupe Etat islamique, continuent d’attendre dans des camps kurdes. "Des gosses de quatre ans sont en train de crever. Ils ne sont pas responsables des fautes de leurs parents, et que la France les laisse, je trouve ça insupportable", s’agace Henri Leclerc.

"C’est un problème de principe"

De son côté, le gouvernement assure traiter cette épineuse question au cas par cas. "On n’en voit pas beaucoup des cas", tacle Henri Leclerc, qui dénonce un manque de volonté politique. "Ça n’est pas un problème de cas par cas, c’est un problème de principe. Il y a 200 enfants français, peut-être même plus, qui sont dans une situation très difficile. L’hiver arrive… Ils sont sous des tentes, l’été a déjà été affreux. Et nous n’obtenons rien", déplore-t-il.

"Je suis convaincu que la France va être condamnée [par des organismes internationaux comme la Cour européenne des droits de l'homme, ndlr] pour laisser mourir des enfants, pour laisser traiter dans de telles conditions des enfants qui sont Français. C’est tout à fait incompréhensible", dénonce encore Henri Leclerc.

"Je ne comprends pas que Monsieur Le Drian [le ministre des Affaires étrangères, ndlr], qui est un homme tout à fait estimable, dise qu’il ne peut rien faire. Ça n’est pas vrai. […] Je me demande s’il ne peut rien faire parce que monsieur Macron ne veut rien faire ! Il y a là un véritable problème. Que monsieur Macron prenne position !", enjoint cet avocat.

>> Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, est l’invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/CNews/Les Echos, de 10h à 11h

Le système judiciaire et social français prêt à les accueillir ?

L'avocat estime le système judiciaire français et les services d’aide à l’enfance tout à fait aptes à traiter ce genre de situations, aussi délicates soient-elles. "Si les femmes sont rapatriées en France, nous savons qu’elles iront toutes en prison, la justice s’occupera d’elles. Pour les enfants, tout est bien organisé : l’aide sociale à l’enfance, en particulier celle de Bobigny, les familles d’accueil, parce qu’on ne remettra pas tout de suite ces enfants à leur famille. Tout est parfaitement organisé pour que ça se passe dans de bonnes conditions", assure-t-il.