Après 22 mois d'investigations, le rapport final de l'enquête russe a été publié jeudi. Le document de 400 pages, expurgé de ses données confidentielles, confirme l'absence de collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l'enquête, n'est cependant pas "en mesure" d'exonérer le président américain des soupçons d'entrave à la justice. Selon le rapport, Donald Trump a ainsi cherché à limoger le procureur spécial au cours de l'année 2017.
Pas d'entente entre l'équipe de campagne de Trump et la Russie
Comme attendu, le rapport final sur l'enquête russe établit l'absence d'entente entre l'équipe de campagne électorale de Donald Trump et la Russie. Le président américain s'est aussitôt réjoui de cette annonce, dénonçant une "arnaque". "C'est un bon jour pour moi", a lancé Donald Trump à la Maison-Blanche. Plus tôt, le président américain avait exulté sur Twitter en faisant une référence à la célèbre série "Game of Thrones". "Pas de collusion, pas d'obstruction. Pour les rageux et les démocrates de la gauche radicale, c'est Game Over", était-il écrit sur une image de lui imitant une affiche de la série, où on le voit de dos sur fond d'un épais brouillard.
Le rapport sur l'enquête russe rapporte toutefois que des membres de l'entourage de Donald Trump ont rencontré des Russes, le 9 juin 2016, dans l'espoir qu'ils "aident" sa campagne. "La campagne s'attendait à recevoir des informations de la Russie qui pourrait aider le candidat Trump dans son entreprise électorale", écrit le procureur spécial Robert Mueller. Mais leurs interlocuteurs russes "n'ont pas fourni de telles informations", ajoute-t-il.
Le président américain a cherché à limoger le procureur Mueller
Donald Trump n'est cependant pas exonéré des soupçons d'entrave à la justice. Le président américain a ainsi cherché à limoger le procureur spécial Mueller en juin 2017. Selon le rapport, Donald Trump a "ordonné" au chef des services juridiques de la Maison-Blanche, Don McGahn, d'accuser Robert Mueller de "conflits d'intérêt" et de demander "sa révocation". Une demande à laquelle Don McGahn a refusé de se plier.
"Si nous étions sûrs, après une enquête rigoureuse, que le président n'a clairement pas commis d'entrave à la justice, nous le dirions. Sur la base des faits et des standards légaux applicables, nous ne sommes pas en mesure de prononcer ce jugement", a écrit le procureur Mueller.
L'opposition démocrate pourrait relancer des poursuites
La publication de ce rapport pourrait permettre à Donald Trump de se tourner résolument vers sa campagne de réélection à la Maison-Blanche. Mais l'opposition démocrate, qui a commencé à éplucher le document, reste convaincue que le président américain et son ministre de la Justice Bill Barr ont œuvré ensemble pour dissimuler des actes à mettre au passif du président.
Les opposants à Donald Trump comptent user de tous les moyens en leur pouvoir, à commencer par le contrôle démocrate de la chambre basse du Congrès, pour relancer des poursuites. Les démocrates ont d'ailleurs demandé jeudi au procureur Mueller de témoigner à la chambre des représentants d'ici le 23 mai. Bill Barr a dit qu'il ne s'y opposerait pas. Le procureur spécial Mueller a supervisé pendant 22 mois des investigations tentaculaires, ponctués par l'inculpation de 34 personnes russes et américaines, dont six proches collaborateurs du président Trump pour des malversations diverses.