Entre le milliardaire Donald Trump et le Pape François, défenseur des pauvres, les relations pourraient s'avérer tendues. Dimanche dernier, interrogé par la presse espagnole au sujet du nouveau président des Etats-Unis, le Saint-Père a évoqué des populismes qui peuvent mener au nazisme. Virginie Riva, correspondante d'Europe 1 à Rome était l'invitée de David Abiker dans l'émission C'est arrivé cette semaine pour décrypter ce que pourraient être les relations entre le Vatican et la Maison-Blanche pendant la mandature Trump.
"En opposition sur tout". "On ne peut pas dire que le pape François soit ravi de cette élection. Ils sont en opposition sur tout : principalement sur la question des migrants, mais aussi sur l'économie, sur la redistribution des richesses, sur l'écologie. Dans cette interview au quotidien El Pais, même si le pape dit ne pas vouloir juger trop vite Donald Trump et surtout vouloir le juger sur ses actes, il a indiqué avoir peur que les peuples cherchent un sauveur, en s'affrontant à d'autres peuples avec des murs."
L'allusion à Donald Trump et à sa volonté de construire un mur à la frontière mexicaine est on ne peut plus claire. Cette actualité du "mur" est d'autant plus prégnante que par un tweet, Donald Trump a provoqué l'annulation de la visite de son homologue mexicain, Enrique Pena Nieto, aux Etats-Unis.
of jobs and companies lost. If Mexico is unwilling to pay for the badly needed wall, then it would be better to cancel the upcoming meeting.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 26 janvier 2017
Un simple message à l'investiture. La distance entre les deux personnages publics apparaît aussi en lisant entre les lignes. Le pape François n'a pas félicité Donald Trump au moment de son élection. "Il a laissé réagir son secrétaire d'Etat, le cardinal Barolin", l'équivalent d'un ministre des Affaires étrangères. Le pape a simplement envoyé un message le jour de l'investiture, priant pour que l'action de Trump soit guidée par "la richesse des valeurs spirituelles et éthiques américaines" et qu'il ait une attention aux plus pauvres.
Intérêts et opinion américaine. Les divergences ne sont d'ailleurs pas nouvelles. Durant la campagne présidentielle, il y a près d'un an, un clash était survenu entre les deux hommes. A l'annonce de Trump de vouloir construire le fameux mur, le souverain pontife avait réagi avec force, arguant qu'une personne qui voulait construire des murs et non pas des ponts n'était pas chrétienne. Dans la journée, Donald Trump avait répondu, trouvant "honteux" que l'on puisse douter de la foi d'une personne. D'après la spécialiste d'Europe 1, il est pourtant dans l'intérêt de Trump d'avoir l'appui du pape pour son opinion, mais surtout pour sa diplomatie.
"Le Vatican a eu un poids énorme dans les discussions avec Cuba", rappelle Virginie Vira. Il y a énormément de chantiers pour lesquels Trump va avoir affaire au Vatican, notamment dans le processus de paix en Colombie." Toutefois, si Washington ne peut pas sous-estimer l'influence du pape, il ne faut pas oublier que les catholiques américains qui ont voté Trump à 52% sont "plutôt conservateurs sur les mœurs et très libéraux sur les questions économiques", soit tout l'inverse du pape François qu'ils taxent volontiers de "marxiste".