Le gouvernement central espagnol a tenté de reprendre la main dans la crise catalane samedi, annonçant à l’issue d’un Conseil des ministres exceptionnel la suspension des prérogatives de l’administration régionale de la Catalogne. La "pire attaque" contre sa région depuis la dictature de Franco, a dénoncé pour sa part le leader séparatiste Carles Puigdemont. "Mariano Rajoy a annoncé des élections au plus vite en Catalogne. Je souhaite qu’elles permettent de clarifier la situation et de retrouver le chemin d'un dialogue constructif dans une sérénité retrouvée et un cadre légal", a commenté dans les colonnes du Journal du Dimanche Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères.
"La tentation du repli". Pour le ministre, la "situation de dislocation dangereuse" qui pèse sur l’Espagne pourrait également, par ricochet, menacer sur l’Union européenne. "Ce qui m’importe dans cette affaire, c’est qu’il y a un État de droit à respecter et qu’il soit partout la référence centrale de la construction européenne", défend l’ancien président du conseil régional de Bretagne. À l'heure de la montée des populismes, et alors que l’extrême-droite a réalisé des percées dans plusieurs pays européens, Jean-Yves Le Drian lance un avertissement : "La tentation du repli et les montées d’extrémisme en Europe se nourrissent à la fois de la crise de l’inefficacité européenne et de son incapacité à offrir une vision".
Ainsi la nécessité d’une refondation européenne, un projet porté par Emmanuel Macron depuis la campagne présidentielle : "Le président de la République, dans son discours à la Sorbonne, a indiqué le chemin pour les Européens d’une ambition partagée et le sens d’un destin collectif", rappelle le ministre, toujours dans le JDD.
Les États-Unis, un allié turbulent. Autre sujet de préoccupation de Jean-Yves Le Drian : la crise nucléaire avec la course à l’armement dans laquelle s’est lancée la Corée du Nord, mais aussi le bras de fer entamé par Donald Trump avec l’Iran, le locataire de la Maison-Blanche ayant refusé de certifier l’accord conclu avec Téhéran sous Barack Obama.
"Jamais, depuis la fin de la guerre froide, nous n’avons connu une situation comportant autant de tensions et de risques", relève Jean-Yves Le Drian. "Nous devons nous adapter à cette présidence américaine, sans jamais oublier que les États-Unis sont notre allé historique et le resteront […]. S’agissant de l’Iran, nous devons convaincre l’administration Trump, comme le Congrès, que la prévention de la prolifération nucléaire est un enjeu vital pour l’humanité".
Aggraver les sanctions face à la Corée du Nord. Enfin, le locataire du Quai d'Orsay prône la plus grande fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord. "La faculté des Nord-Coréens de disposer d’une capacité balistique intercontinentale est désormais un fait. Il faut encore miniaturiser la bombe, et ça peut ensuite aller très vite", avertit le ministre pour qui le rapport de force est le seul langage que peut entendre le régime de Pyongyang. "Il est indispensable de ramener rapidement les autorités nord-coréennes à une table de négociations. Le seul moyen pour y parvenir, c’est le rapport de force. Il passe, à ce stade, par l’aggravation des sanctions et leur application par tous".