L'Etat espagnol reprend la main dans la crise catalane. Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a demandé samedi au Sénat de suspendre de ses fonctions le gouvernement catalan afin de convoquer de nouvelles élections pour empêcher la sécession de la Catalogne.
Article 155. Le gouvernement séparatiste de Catalogne n'a pas laissé à Madrid d'autre choix, a affirmé Mariano Rajoy, dont le parti dispose de la majorité absolue au Sénat, après un Conseil des ministres extraordinaire. Invoquant un article jamais encore utilisé de la Constitution, l'article 155, le dirigeant conservateur a demandé au Sénat de lui confier la faculté de dissoudre le parlement catalan, afin de "convoquer des élections dans un délai maximum de six mois". Il appartient désormais au Sénat d'approuver ou non la mise en oeuvre de ces mesures d'exception lors d'un vote, le 27 octobre prochain.
Les ministères nationaux prennent le relais. Mariano Rajoy demande donc que tout le gouvernement catalan présidé par Carles Puigdemont soit démis de ses fonctions, qui seront exercées "en principe par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle". "Ni l'autonomie catalane ni la gouvernance autonome ne sont suspendues", a-t-il assuré, rejetant sur les dirigeants catalans la responsabilité de cette crise politique inédite en Espagne depuis la tentative de coup d'État militaire de février 1981. Il s'agit seulement selon lui de destituer "les personnes qui ont placé ce gouvernement hors la loi", en faisant voter des lois contraires à la constitution espagnole et au statut d'autonomie de la Catalogne.
Puigdemont s'exprime à 21 heures. Carles Puigdemont menace, lui, de faire proclamer formellement l'indépendance de la Catalogne, une région grande comme la Belgique qui représente 19% du PIB espagnol. Il se fonde sur un référendum d'autodétermination qu'il a organisé le 1er octobre en bravant l'interdiction de la justice et où selon lui 43% des Catalans ont voté, à 90% pour l'indépendance. Le leader catalan a annoncé qu'il ferait une déclaration officielle à 21 heures samedi.
Manifestation attendue. En attendant, l'ambiance est tendue en Catalogne. Une manifestation est prévue à 17 heures à Barcelone pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes emprisonnés pour sédition. La mobilisation populaire risque d'être importante avec l'annonce de la destitution du gouvernement régional en place depuis 2016.