Après avoir lutté pendant un mois contre la maladie, un enfant de six ans est décédé de la diphtérie, a annoncé samedi l'hôpital de Vall d'Hebron de Barcelone. Ses parents avaient refusé de le faire vacciner à cause des effets secondaires. Neuf enfants et un adulte de l'entourage de l'enfant ont été aussi contaminés mais n'ont pas développé la maladie, tous étant vaccinés, selon les services de santé de Catalogne. L'Espagne a écarté tout risque d'épidémie, 95% de la population étant vaccinée.
Un traitement pris avec du retard. La diphtérie avait été détectée chez le petit garçon le 1er juin dernier. Placé sous assistance respiratoire et cardiaque, l'enfant avait bénéficié d'un traitement mais avec du retard. La maladie n'existant plus en Espagne depuis 1987, les pouvoirs publics n'ont pas été capable dans un premier temps de trouver l'antitoxine correspondant à la bactérie. C'est finalement la Russie, pays où la diphtérie sévit encore, qui l'avait fourni en urgence à l'Espagne par valise diplomatique.
"Nous lançons un appel aux parents". La contamination de cet enfant a relancé la polémique sur les risques des vaccins et de l'absence de vaccination. "Nous lançons un appel aux parents: qu'ils vaccinent leurs enfants", a déclaré samedi le responsable de la santé de la région de Catalogne Boi Ruiz. "Il n'y a pas de risque zéro. Mais ce qu'on ne peut pas faire c'est utiliser le fait qu'il n'y ait pas de risque zéro pour créer une peur chez les parents vis-à-vis du vaccin", a-t-il ajouté. "Qu'il nous arrive quelque chose comme ça dans un pays ou l'accès à la vaccination est gratuit et universel doit, en tant que société, nous faire réfléchir", a-t-il aussi expliqué.
Les parents se disent "trompés" par les groupes antivaccination. Les parents du petit garçon décédé, adeptes de la médecine alternative, ont déclaré à la presse qu'ils se sentaient "trompés" par les groupes antivaccination qui les avaient convaincus du bienfait de leurs idées mais sans leur préciser les dangers encourus.
Polémique autour des vaccins en France. En France, une nouvelle polémique a surgi avec le décès d'un bébé de sept mois qui avait reçu l'injection de deux vaccins contre la coqueluche, l'hépatite B, la polio, le tétanos et la diphtérie. Une pétition lancée en mai par un cancérologue, le professeur Henri Joyeux, signée par plus de 500.000 personnes, critiquée par les autorités françaises, a dénoncé le manque de vaccins différenciés et les dangers d'un nouveau vaccin. Plus cher que les autres, ce nouveau vaccin protège en une seule fois contre six maladies, mais contient, selon lui, "des substances dangereuses".
C'est quoi la diphtérie ? La diphtérie est une bactérie qui, après l'attaque des voies respiratoires, entraîne la paralysie du système nerveux ou du diaphragme, provoquant la mort par asphyxie. Seule la vaccination permet de lutter efficacement contre cette maladie grave. Le taux de vaccination des nourrissons contre les maladies diphtérie-tétanos-coqueluche atteint 84% au niveau mondial, selon l'Organisation mondiale de la Santé. En France, le dernier cas de diphtérie chez un autochtone a été détecté en 1989. De 2002 à 2012, huit cas d'infection ont été recensés. Il ne s'agissait que de cas importés chez des personnes mal ou pas vaccinées et aucun décès n'est à déplorer.