Une menace plus grande que le groupe Etat islamique pourrait frapper les Irakiens. En février dernier, les Etats-Unis ont lancé un appel à une mobilisation internationale pour prévenir une "catastrophe humanitaire" qui pourrait être causée par un effondrement du barrage de Mossoul, dans le nord de l'Irak. Près d’un an plus tard, une enquête du New Yorker donne des craintes supplémentaires. Explications.
11 milliards de mètres cubes d'eau. Pour mieux comprendre la situation du barrage de Mossoul, il faut jeter un oeil dans le rétroviseur. En 2014, lorsque l’Etat islamique réussit à reprendre le barrage de Mossoul, les djihadistes y voient la possibilité de maximiser les dégâts en faisant s'effondrer le mur haut d’une centaine de mètres, destiné à retenir plus de 11 milliards de mètres cubes d’eau. Les djihadistes commencent alors à bombarder le barrage. Alerté de la situation, le vice-président des Etats-Unis Joe Biden téléphone immédiatement à Masoud Barzani, le président de la région kurde, pour lui demander de récupérer au plus vite le barrage. Il redoute que Daech réussisse à le faire exploser pour engloutir Mossoul et plusieurs autres villes sous une immense vague. Dix jours plus tard, les Kurdes reprennent le contrôle du barrage. Mais des officiels américains ont analysé la situation dans les mois suivants. Et ils ont observé un problème de taille.
Roche soluble et risque de fissure. Selon les officiels américains, le problème n’a rien à voir avec la structure. Comme l’explique le New Yorker, le barrage de Mossoul a été construit de façon à résister à des bombardements aériens – ce qui a été le cas lors de la guerre du Golfe. "Le problème, c’est qu’il n’est pas à la bonne place", résume Azzam Alwash, un ingénieur américano-irakien. Le barrage a en effet été construit sur un sol instable, sur de la roche soluble. Pour maintenir ses fondations, des centaines d’employés doivent injecter régulièrement du ciment dans la terre. Mais si cette maintenance continue est arrêtée, la roche sur laquelle reposent les fondations s’effriterait et le barrage pourrait se fissurer.
"C’est une bombe nucléaire avec un fusible imprévisible". Situé en amont de la ville de Mossoul, deuxième ville du pays, le barrage approvisionne en eau et en électricité la majeure partie de la région et est indispensable à l'irrigation de vastes zones de culture dans la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu. Une rupture du barrage entraînerait une vague énorme qui ravagerait Mossoul en moins de trois heures. Et quatre jours plus tard, la capitale irakienne Bagdad serait touchée par une vague de 14 mètres. "Si une brèche apparaît dans le barrage, il n’y aura pas d’avertissement", s’inquiète Azzam Alwash. "C’est une bombe nucléaire avec un fusible imprévisible". Et de conclure, alarmiste : "le temps presse".