Etat d'urgence en Turquie : les gardes à vue pourront durer 30 jours

© OZAN KOSE / AFP
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La durée légale est de quatre jours. Le ministre de la Justice Bekir Bozdag avait évoqué vendredi une extension à "sept-huit jours".

Les gardes à vue pourront durer jusqu'à 30 jours pour les personnes soupçonnées d'implication dans le putsch manqué du 15 juillet en Turquie, selon un décret sur l'état d'urgence paru samedi au Journal officiel. "La durée de la garde à vue ne pourra pas excéder 30 jours à compter de l'arrestation du suspect", selon le décret. La durée légale est de quatre jours. Le ministre de la Justice Bekir Bozdag avait évoqué vendredi une extension à "sept-huit jours", voire plus dans le cadre de l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi. 

11.000 personnes en garde à vue. Vendredi, s'adressant par téléphone à ses partisans réunis à Sakarya, le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que 11.000 personnes avait été placée en garde à vue depuis l'échec du putsch qui a fait 265 morts, dont 24 putschistes. Par ailleurs, le décret dissout plusieurs milliers de structures ou d'institutions, notamment des établissements d'éducation, considérés comme liés au prédicateur en exil Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir ourdi le putsch, ce qu'il nie.  Les organisations qui ont été fermées par le décret sont 1.043 établissements d'enseignement privés, 1.229 associations et fondations, 19 syndicats, fédérations et confédérations, et 35 établissements de santé, a précisé l'agence Anadolu.

La communauté internationale s'inquiète des purges. Selon le décret, "il a été déterminé qu'elles appartiennent ou sont liées à l'organisation terroriste" de Fethullah Gülen "dont il a été prouvé qu'elle constitue une menace pour la sécurité nationale". Par ailleurs, le décret prévoit le limogeage de tous les fonctionnaires "dont il aura été déterminé qu'ils sont rattachés, membres ou en relation avec des organisations terroristes ou des organisations, structures ou groupes dont il a été décidé qu'ils agissent contre la sécurité nationale". Ces agents de l'Etat "ne pourront plus être employés dans la fonction publique, ne pourront plus y être affectés de manière directe ou indirecte".

Les chancelleries occidentales ont dit leurs inquiétudes devant l'ampleur des purges. Selon le ministère de l'Intérieur, plus de 4.500 personnes ont été placées en détention.