La défaite est totale : en une nuit, les démocrates ont perdu à la fois la présidence et le Congrès (Sénat et Chambre des représentants). Donald Trump à peine élu, le parti doit déjà penser à l’avenir. La déroute d’Hillary Clinton face au novice en politique a tout d’une humiliation et on voit mal comment l’ancienne Secrétaire d’État, déjà battue en 2008 par Barack Obama, pourra se relever de ce nouvel affront. Et oser se présenter à nouveau dans quatre ans.
Le président sortant, lui, dispose toujours d’une belle cote de popularité, mais a déjà exercé deux mandats présidentiels, le maximum prévu par la Constitution. Quant à Bernie Sanders, adversaire malheureux d’Hillary Clinton à la primaire démocrate, il aura 79 ans en 2020. Le vice-président, Joe Biden, autre figure emblématique du camp bleu, en aura 77. Le parti se cherche des personnalités plus jeunes, et surtout plus neuves, pour incarner l’opposition. Plusieurs noms reviennent avec insistance.
LES FAVORIS
- Elizabeth Warren, comme une évidence
Son nom ne vous dit peut-être rien, mais la sénatrice du Massachusetts est présentée dans les journaux américains comme la successeuse naturelle d’Hillary Clinton. Un sondage – par ailleurs très critiqué - la donnait même vainqueur en cas de duel avec Hillary dans la course à l’investiture démocrate. De plus, la sénatrice de 67 ans, a été une adversaire redoutable du milliardaire durant la campagne, comme elle l’a prouvé à longueur de déclarations, dont certaines assez virulentes. "Soyons honnêtes, Donald Trump est un loser", avait-elle notamment tweeté en mars dernier.
Let’s be honest - @realDonaldTrump is a loser. Count all his failed businesses. See how he cheated people w/ scams like Trump U.
— Elizabeth Warren (@elizabethforma) 21 mars 2016
Cette ancienne prof à Harvard, surnommée la "shérif de Wall Street" en raison de ses critiques récurrentes envers le monde de la finance, a également été conseillère de Barack Obama en 2010. Son nom est aussi revenu avec insistance pour figurer sur le "ticket" d’Hillary Clinton, avant que l’ancienne Secrétaire d’État ne lui préfère finalement celui de Tim Kaine.
À l’heure actuelle, elle seule semble capable de réunir les deux ailes du parti, centriste et progressiste, sous son nom. Dès la défaite d’Hillary Clinton mercredi matin, les internautes démocrates n’avaient d’ailleurs que celui d’Elizabeth Warren à la bouche.
I bet “how old will Elizabeth Warren be in 2020” is a top Google search tonight https://t.co/e8iSDRwNph
— David Sirota (@davidsirota) 9 novembre 2016
"Je parie que 'quel âge aura Elizabeth Warren en 2020' est l'une des phrases les plus recherchées sur Google cette nuit"
Dear Democrats, start preparing Elizabeth Warren for 2020, you can still shatter the glass ceiling. Thanks Hilary for the cracks.
— Bisi Alimi (@bisialimi) 9 novembre 2016
"Chers démocrates, commencez à préparer Elizabeth Warren pour 2020, vous pouvez toujours briser le plafond de verre. Merci Hillary pour les fissures."
Mark my words: @elizabethforma will destroy @realDonaldTrump in 2020. It will be a historic landlside. #electionday
— Cenk Uygur (@cenkuygur) 9 novembre 2016
"Notez ces mots : Elizabeth Warren va détruire Donald Trump en 2020. Ce sera un séisme historique."
@funnymatt From your Twitter feed to the Election Gods' ears, Matt Walker.
— Stephanie (@StephanieReads) 9 novembre 2016
"Félicitations à Elizabeth Warren de rentrer dans l'histoire en devenant la 46e présidente des États-Unis en 2020."
- Tim Kaine, le second deviendra-t-il premier ?
Malgré un débat complètement raté face à son homologue Mike Pence, le colistier d’Hillary Clinton est sorti de la campagne présidentielle relativement épargné et toujours populaire dans son fief, en Virginie. Kaine possède d’ailleurs un CV garni puisqu’il a successivement occupé les postes de maire de Richmond, gouverneur de Virginie, président du Comité national démocrate et sénateur. À 58 ans, il n’a même jamais perdu une élection.
Autant d'arguments qui avaient poussé l'institut de paris Ladbrokes a faire de lui le deuxième favori de l'élection présidentielle 2020… derrière Hillary Clinton pour sa réélection. Raté pour cette fois. Reste à savoir si, comme elle, il n’a pas déjà laissé passer sa chance.
LES CHALLENGERS
- Kirsten Gillibrand, l’héritière qui monte
Quand Hillary Clinton est devenue Secrétaire d’État, en janvier 2009, Kirsten Gillibrand l’a tout simplement remplacée au Sénat, devenant, à 42 ans, la plus jeune représentante siégeant à la chambre haute. Sept ans plus tard, elle représente toujours l’avenir du parti et pourrait se révéler pendant le mandat de Donald Trump. Surtout, comme Elizabeth Warren, elle possède un crédit important au sein des démocrates, à la fois chez les modérés et chez les libéraux.
- Cory Booker, le super-héros de la com’
Cory Booker s’est distingué en 2013 en devenant le premier sénateur afro-américain du New Jersey et par la même occasion le premier Afro-Américain à être élu au Sénat depuis… Barack Obama. Selon le site américain Mic, “tout le monde ou presque prête à Booker des ambitions présidentielles ». Un article du Guardian, en 2013, souligne ainsi comment l’homme de 47 ans a "scénarisé son ascension et s’est assuré qu’à chaque étape, des caméras soient présentes". Et de raconter le moment où il a sauvé une femme d’un immeuble en feu. Très populaire chez les jeunes, il pourrait cette fois jouer les pompiers de service au sein de son propre camp.
- Kamala Harris, la nouvelle Obama ?
Pendant qu’Hillary Clinton voyait ses rêves de Maison-Blanche s’anéantir, Kamala Harris, elle, se faisait élire au Sénat. Fille d'une mère indienne et d'un père jamaïcain-américain, elle aussi est souvent comparée au futur-ex président, qui lui a d’ailleurs apporté son soutien en Californie. Dès janvier 2015, le Washington Post s’interrogeait ainsi : "Kamala Harris est-elle la prochaine Barack Obama ?". D’ici 2020, elle aura en tout cas acquis davantage d’expérience au sein de son bureau fédéral…. Autant qu’Obama avant de commencer son premier mandat, en 2008.
Mais aussi : Andrew Cuomo, Amy Klobuchar, Nikki Haley, Martin O'Malley, Chris Murphy, Tammy Duckworth, ou encore John Hickenlooper
LES IMPROBABLES
- Michelle Obama, "First Lady" et plus si affinités
Tiens, tiens. Et si une ancienne Première Dame devenait présidente des États-Unis ? Il est peut-être encore trop tôt pour faire la blague à Hillary Clinton. Sûrement trop tôt aussi, pour voir Michelle Obama se lancer dans la course. Mais le fait est que l’épouse de Barack est déjà très sollicitée pour jouer les recours face à Donald Trump. Aux États-Unis, sa cote de popularité est au beau-fixe. Peu lui importe : elle a toujours nié une quelconque ambition politique. L’ancien conseiller de Barack Obama, David Axelrod, déclarait même en octobre : "Je pourrais parier tout ce que j’ai que Michelle Obama ne briguera pas de mandat électoral". Mais avait-il aussi parié sur l’élection de Donald Trump ?
- Kanye West, ses fans le réclament
Après un milliardaire adepte de télé-réalité – entre autres activités – pourquoi pas un rappeur à la tête du pays de l’Oncle Sam ? En août 2015, sur la scène des Video Vanguard Awards, Kanye West avait lâché : "J’ai décidé de me présenter aux élections présidentielles de 2020". Et de réaffirmer, dans son dernier album sorti début 2016, The Life of Pablo, ce que certains prenaient encore comme une blague en chantant «en 2020, je vais me présenter à l’élection". Une idée qui a semble-t-il fait son bout de chemin dans la tête de ses fans, qui ont relancé le hashtag #Kanye2020 sitôt l’élection de Donald Trump validée. Kanye West, 46e président des États-Unis ? Le monde n’est pas à une surprise près.
There's only one man who can save us now #kanye2020#ElectionNightpic.twitter.com/C9b4tPJGZF
— Abi Morris (@abicmorris) 9 novembre 2016
"Il n'y qu'un homme qui peut nous sauver désormais".
In 2004 Kanye saved hip hop, in 2020 he will save America #Kanye2020
— Vegeta's Black son (@KingKevinM_) 9 novembre 2016
"En 2004, Kanye a sauvé le hip-hop, en 2020, il sauvera l'Amérique".