Trump et les républicains du Sénat affichent leur volonté de remplacer au plus vite la juge progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée vendredi, à la Cour Suprême. Et ce avant même l’élection du 3 novembre, si possible : ils ont la majorité nécessaire pour le faire au Sénat, même si les démocrates hurlent au déni de démocratie. Mais pourquoi est-ce à ce point un enjeu ? Droits humains, campagne présidentielle, vote : Europe 1 décrypte les principales conséquences que pourraient avoir une succession conservatrice.
"Un désastre" pour les droits civiques ?
Il faut comprendre que la mort de cette femme peut changer l’Amérique pour les décennies à venir. Sachant que les magistrats de la Cour Suprême sont nommés à vie, s'il arrive à remplacer la juge Ginsburg, Donald Trump aura réussi à faire basculer durablement l'institution à droite, avec six juges conservateurs contre trois progressistes.
De plus, aux Etats-Unis, la Cour Suprême régit une grande partie de la vie quotidienne des Américains. Ruah, une mère de famille de New York, n’est pas seulement triste de perdre une icône féministe. Elle est aussi effrayée pour la suite : "C'est un désastre. On a tous peur, peur que la vie qu'on a maintenant change. Surtout pour les femmes, pour les droits, avoir un choix, avorter, pour le travail... C'est vachement triste", regrette-t-elle au micro d'Europe 1. Droits des femmes, des minorités, des homosexuels, santé, protection des travailleurs...tout cela pourrait être remis en cause par une Cour à majorité conservatrice.
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Impact sur le financement de la campagne
Alors que l'élection présidentielle a lieu dans 42 jours, la mort de la juge Ginsburg peut aussi avoir des effets importants sur la campagne et le vote. Le premier, sonnant et trébuchant : les démocrates ont reçu près de 100 millions de dollars de dons pour la campagne électorale depuis sa mort, un montant énorme. Cela montre à quel point cet événement est en train de galvaniser la gauche américaine.
Raviver l'envie de voter, à droite comme à gauche
La peur de voir l’Amérique reculer sur les questions sociales peut enfin réveiller les jeunes et les plus à gauche, qui n’avaient pas jusqu'alors une folle envie d’aller aux urnes pour Joe Biden. C’est d’ailleurs ce qu’espère le maire démocrate de Brooklyn interrogé dimanche par Europe 1. "Si les électeurs sont pas motivés après ça, je ne sais pas ce qu’il leur faut !", confie ainsi Eric Adams. On a d’ailleurs vu ce weekend de longues files d’attente aux urnes en Virginie, un Etat où l’on peut voter par anticipation depuis quelques jours.
Mais dans l’autre camp, si Donald Trump parvient à ses fins, il aura la reconnaissance éternelle de l’Amérique conservatrice, notamment des chrétiens évangéliques anti-avortement, un électorat clé pour lui alors que leur soutien s’effritait ces derniers mois.
Incidence sur les résultats de l'élection ?
Enfin dernière conséquence : il y a de fortes chances que le résultat soit serré, et contesté. Le camp Trump crie déjà à la fraude, sans preuves. Le camp Biden a, lui, déjà prévu une armée d’avocats. Or, qui a le dernier mot pour valider un scrutin aux Etats-Unis ? La Cour Suprême.