La police américaine recherche activement, dans la nuit de jeudi à vendredi, l'homme suspecté d'avoir tué 18 personnes dans un bowling et un bar de l'État du Maine, où plusieurs localités continuent de demander aux habitants de rester confinés chez eux.
Vingt-quatre heures après ce drame survenu dans le nord-est des États-Unis, la quête a semblé s'accélérer : les forces de l'ordre se sont rassemblées en début de soirée devant une maison appartenant, selon un voisin interrogé par l'AFP, à la famille du suspect. Drones, hélicoptère et véhicules blindés avaient aussi été appelés en renfort. "Sortez s'il vous plaît", a répété dans la nuit la police au mégaphone, "nous aimerions vous parler".
"Armé et dangereux"
Mais les forces de l'ordre sont ensuite reparties sans faire de déclarations aux journalistes - en nombre sur place - et les autorités ont semblé doucher les espoirs que le suspect identifié ait été localisé. "Nous ne savons pour l'instant pas si Robert Card est dans l'une des maisons qui sont perquisitionnées par les forces de l'ordre" a écrit sur X (ex-Twitter), la police de l'État du Maine, qui participe à cette vaste traque au milieu d'un territoire rural et boisé.
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Considéré comme "armé et dangereux" selon les autorités, Robert Card, 40 ans, réserviste de l'armée, a été identifié comme l'auteur présumé de la tuerie de mercredi à Lewiston. Une photo diffusée par la police montre un homme vêtu d'un haut marron entrant dans un bowling, fusil de type semi-automatique à l'épaule. Du fait de la cavale du tireur, les habitants ont reçu l'ordre de se confiner chez eux, transformant Lewiston en ville fantôme.
Écoles et commerces ont fermé leurs portes et le parking du lycée a été investi par des policiers en treillis, armés jusqu'aux dents. "C'est un jour noir pour le Maine", a déclaré jeudi matin Janet Mills, la gouverneure de l'État, en annonçant le très lourd bilan.
"Tragique et insensé"
Sept personnes, une femme et six hommes, ont perdu la vie au bowling, huit dans un restaurant à une douzaine de minutes de là, et enfin trois à l'hôpital. Des témoins présents au bowling "Just-In-Time recreation" ont raconté comment des clients se sont cachés sous les tables et dans les machines au bout des pistes. "J'étais couchée au-dessus de ma fille, ma mère était couchée au-dessus de moi", a décrit Riley Dumont à ABC.
Les autorités n'ont pas communiqué les identités des victimes, mais parmi les vies fauchées au restaurant "Schemengees" figure Joseph Walker, 57 ans, qui travaillait dans l'établissement, a déclaré son père à plusieurs médias américains. Selon lui, la police a confié à la famille que son fils avait tenté d'arrêter le tueur avec un couteau de cuisine avant d'être tué.
Joe Biden a déploré jeudi matin un acte "tragique et insensé" et ordonné la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments fédéraux. "Une nouvelle fois, notre nation est en deuil", a déploré le président américain, appelant le Congrès à adopter "une interdiction des armes d'assaut" - énième appel du genre par le démocrate malgré une majorité introuvable depuis des décennies pour un tel changement de législation.
Lors d'une conférence de presse jeudi soir, un élu démocrate de la circonscription qui inclut Lewiston a annoncé changer d'avis à la lumière de cet événement et soutient désormais une telle mesure.
Dissémination
La tuerie de mercredi est la pire aux États-Unis depuis celle de l'école d'Uvalde au Texas, où un tireur avait abattu 19 enfants et deux enseignantes en mai 2022. Le pays paie un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur leur territoire et à la facilité avec laquelle les Américains y ont accès.
Les États-Unis comptent davantage d'armes individuelles que d'habitants. Hors suicides, plus de 15.000 personnes sont mortes dans des violences par armes à feu depuis le début de l'année dans le pays, et l'attaque de mercredi est la plus meurtrière enregistrée sur la période, selon l'association Gun Violence Archive (GVA).
Le Maine est l'un des États avec le taux d'homicide par habitant le plus faible, et les 18 morts de mercredi représentent, selon l'association Everytown, davantage que la moyenne annuelle d'homicides par arme à feu dans l'État.