Un juge new-yorkais a accepté jeudi d'assouplir légèrement les conditions de détention du narcotrafiquant mexicain Joaquin Guzman, dit "El Chapo", mais refusé de laisser Amnesty International ou sa femme lui rendre visite.
Autorisé a envoyer des messages vérifiés. Le juge fédéral de Brooklyn Brian Cogan, en charge du dossier de ce célèbre prisonnier qui a déjà réussi à s'échapper par deux fois de prisons mexicaines, a notamment décidé d'autoriser Joaquin Guzman à envoyer des messages à sa jeune épouse, Emma Coronel. Mais elle ne pourra pas lui rendre visite et le contenu des messages qu'il lui enverra sera préalablement vérifié par un avocat "pare-feu".
"El Chapo" doit comparaître vendredi matin devant le juge Cogan dans le cadre de la préparation de son procès, dont la date n'a pas encore été fixée. Sa femme, une ex-reine de beauté de 27 ans, devrait être présente à l'audience. L'avocat "pare-feu", censé faire tampon entre la défense et l'accusation, avait été désigné en mars pour éviter que les procureurs ne profitent des mesures de sécurité imposées à El Chapo pour espionner la défense, illustrant la complexité de cette affaire.
Interdiction d'espionner la défense. Joaquin Guzman, 60 ans, détenu depuis le 20 janvier à Manhattan et accusé d'avoir dirigé pendant près de 25 ans le puissant cartel de Sinaloa, aura aussi le droit désormais d'envoyer des messages à ses avocats, selon la décision du juge. Mais à condition qu'il s'agisse d'avocats dûment approuvés par la justice américaine et que le contenu de ses messages ait été là encore vérifié.
Le juge a par ailleurs interdit à l'équipe du procureur d'interroger le personnel de la prison pour savoir ce qui pourrait se dire pendant les visites de ses avocats, comme elle l'avait fait ces dernières semaines. Toute "observation" du personnel devra être confiée à l'avocat "pare-feu", selon la décision de Brian Cogan.
Des conditions de détention "inutilement dures". En revanche, le juge a refusé d'autoriser Amnesty International à rendre visite à Guzman dans la prison de Manhattan, le Metropolitan Correctional Center, où il est détenu. L'association de défense des droits de l'homme avait invoqué des conditions de détention "inutilement dures" pour demander à le voir. Le juge a aussi refusé de laisser Guzman communiquer avec des témoins potentiels.
L'avocate commise d'office de Joaquin Guzman, qui avait demandé des assouplissements beaucoup plus substantiels, s'est dite "extrêmement déçue" que le juge n'ait pas autorisé Guzman à voir ou à parler à sa femme, dans un communiqué. "Nous continuons à penser que les conditions de sa détention, y compris son maintien à l'isolement, sont insupportables, surtout étant donné le délai à prévoir avant la tenue du procès", a ajouté Michelle Gelernt.
Dix-sept chefs d'accusation. Le Metropolitan Correctional Center est considéré comme l'une des prisons les plus sûres des États-Unis. Alors qu'il était emprisonné au Mexique, Joaquin Guzman s'est évadé par deux fois, en 2001 et 2015, avant d'être repris. Il a été inculpé de 17 chefs d'accusation par la justice américaine, au premier rang desquels figure la direction du cartel, qui à lui seul peut lui valoir la prison à perpétuité s'il en est jugé coupable.