En une journée et fort de plusieurs victoires spectaculaires, Joe Biden est devenu le favori des primaires démocrates aux États-Unis. Lors du "Super Tuesday", l'ancien vice-président de Barack Obama a en effet devancé son grand rival Bernie Sanders dans huit États : Virginie, Caroline du Nord, Alabama, Oklahoma, Tennessee, Arkansas, Minnesota, et Massachusetts. Et alors que Donald Trump a salué "l'incroyable come-back" de son potentiel futur concurrent, Leah Pisar, docteure en science politique et ex-conseillère de Bill Clinton, l'assure sur Europe 1 : l’actuel hôte de la Maison Blanche "a très peur de Joe Biden".
Alors que Bernie Sanders était considéré comme favori il y a encore deux semaines, la séquence actuelle a totalement relancé Joe Biden. "On a eu quatre coups de théâtre en 48 heures", constate Leah Pisar, citant la victoire de Biden en Caroline du sud, le ralliement du candidat Pete Buttigieg, la très bonne performance de Joe Biden lors du "Super Tuesday", et enfin l'annonce du ralliement de Mike Bloomberg. "C'est un début de boulevard" pour Biden, reconnaît Leah Pisar.
"Bernie Sanders atteint son pic"
Pour Leah Pisar, cette remontée de Joe Biden vient corriger un mauvais traitement médiatique du candidat par la presse américaine. "Ils n'ont pas été très sympathiques avec lui. Ils ont voulu l'enterrer avant qu'il ne puisse vraiment se présenter aux urnes", regrette-t-elle. Et selon la spécialiste, les résultats du "Super Tuesday" changent incontestablement la donne des primaires démocrates. "Il y a eu un changement tectonique", analyse-t-elle, "les principaux concurrents centristes se sont retirés et la majorité de leur voix se reportera sur Biden".
Toujours selon Leah Pisar, cette nouvelle donne s'explique aussi par un changement d'attitude de la part de l'électorat démocrate. "Il y a une nouvelle maturité au sein de l'électorat américain", note-t-elle. "Le sujet est de gagner et de battre Trump. Ceux qui n'étaient pas forcément pour lui sont peut-être prêts à mettre leurs nuances idéologiques de côté pour choisir le cheval qui peut battre Trump". Et si les primaires ne sont bien évidemment pas jouées, l'invitée d'Europe 1 estime que Bernie Sanders "atteint son pic". "Il n'a plus tellement de chemin pour élargir sa base", ajoute-t-elle.
"Les élections se gagnent au centre"
Une fois l'obstacle Sanders passé, l'ancien vice-président des États-Unis devra donc se mesurer à Donald Trump. Ce dernier, assure Leah Nedjar, "fera absolument tout" pour contrecarrer l'ascension de son rival. "Donald Trump a très peur de Joe Biden", confirme-t-elle. "Toute l'histoire sur l'Ukraine est due à sa peur de Joe Biden", estime-t-elle encore, revenant sur les accusations contre Trump, soupçonné d'avoir utilisé les moyens de l'État, notamment une aide militaire validée par le Congrès, pour tenter de forcer l'Ukraine à "salir" son possible adversaire.
En cas de confrontation face à Trump, Joe Biden demeure "mathématiquement celui qui est le plus en mesure de gagner", martèle Leah Pisar, selon qui "les élections se gagnent au centre". Or, juge-t-elle, "Biden a une envergure qui lui permet de prendre des votes à gauche, il peut parler à un électorat populaire, mais aussi à un électorat centriste et à l'aile républicaine qui ne peut pas voter pour Trump".