L'élue musulmane démocrate Ilhan Omar a présenté des excuses lundi pour avoir affirmé que le soutien américain à Israël était alimenté par des financements de l'AIPAC (pour American Israel Public Affairs Committee), le principal lobby pro-israélien aux États-Unis, des déclarations considérées comme antisémites et dénoncées jusque dans son camp.
"Reconnaissante" de recevoir "une leçon". "L'antisémitisme est réel et je suis reconnaissante à mes alliés et collègues juifs qui me donnent une leçon sur cette histoire douloureuse de rhétorique antisémite", a indiqué Ilhan Omar, qui siège à la Chambre des représentants depuis début janvier, dans un communiqué.
"Mon intention n'était pas d'offenser mes administrés ou les juifs américains. Il faut toujours être prêt à reculer et à réfléchir aux critiques, comme j'attends des gens qu'ils m'écoutent quand on m'attaque à cause de mon identité", a-t-elle ajouté en présentant des "excuses sans équivoque". Dans son message d'excuses, Ilhan Omar insiste toutefois sur "le rôle problématique des lobbyistes dans notre système politique, que ce soit l'AIPAC, la NRA (le lobby pro-armes) ou l'industrie des énergies fossiles." "Ça dure depuis trop longtemps et on doit être prêt à le régler", a-t-elle ajouté.
Ilhan Omar, fille de réfugiés somaliens, a provoqué un tollé dimanche soir en répondant "l'AIPAC!" à un message sur Twitter lui demandant "qui paie les responsables politiques américains pour être pro-Israël". Elle avait affirmé auparavant que la controverse avait grandi "à cause des Benjamin", en référence au visage de Benjamin Franklin qui figure sur les billets de 100 dollars.
Des excuses insuffisantes pour Trump. Le président américain Donald Trump a cependant estimé que ce communiqué était insuffisant. "Je pense qu'elle devrait avoir honte", a-t-il déclaré aux journalistes à bord d'Air Force One. "Ses déclarations étaient vraiment horribles et je ne pense pas que ses excuses étaient adaptées", a-t-il ajouté.
Les dirigeants démocrates à la Chambre, dont sa présidente Nancy Pelosi, avaient condamné lundi l'usage par Ilhan Omar d'"une rhétorique antisémite et d'accusations préjudiciables sur les partisans d'Israël". Au moins une dizaine de parlementaires, républicains comme démocrates, avaient demandé que l'élue soit sanctionnée pour ses propos.
Ilhan Omar, seule élue à porter le voile islamique, est au centre d'une controverse depuis qu'elle a annoncé son soutien au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) qui appelle au boycott économique, culturel ou scientifique d'Israël pour protester contre l'occupation des territoires palestiniens. Certains partisans d'Israël accusent le BDS d'être une forme d'antisémitisme.
Le soutien à la campagne BDS d'Ilhan Omar et de Rashida Tlaib, l'autre élue musulmane au Congrès, embarrasse le parti démocrate. La poussée de l'aile gauche aux élections de novembre pourrait rebuter l'électorat modéré, notamment les juifs libéraux, dans l'optique de la présidentielle de 2020.