Cour suprême des Etats-Unis 1:55
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Alexis Guilleux, édité par Mélanie Faure , modifié à
Les Américains étaient nombreux à descendre dans la rue pour dénoncer le texte qui prévoit d'abroger l'arrêt historique de 1973 dans lequel est reconnu le droit à l'avortement. Chaque État pourrait déterminer sa propre législation. À New York et dans d'autres villes, le vert, la couleur de l'avortement, s'est répandu.
REPORTAGE

Depuis mardi, les Américains sont dans la rue. La Cour suprême américaine pourrait annuler la jurisprudence "Roe versus Wade", qui fonde le droit à l'avortement aux États-Unis depuis 1973. Un tournant historique. Désormais, chacun des États pourrait alors décider de sa propre législation : un chemin que pourrait prendre la moitié des États américains, symbole de la fracture entre républicains et démocrates. 

Le texte interdit l'IVG après six semaines, sans exception en cas de viol ni d'inceste. Comment en est-on arrivé là ? C'est l'illustration d'une tendance de fond. Cet arrêt "Roe versus Wade" n'a jamais été accepté dans les cercles les plus religieux du pays, notamment chez les chrétiens évangéliques, très influents dans la partie sud des Etats-Unis, une région très conservatrice que l'on surnomme même la ceinture de la Bible. 

Grâce à un intense lobbying, cette base blanche et chrétienne est parvenue depuis les années 90 à étendre son influence au sein du Parti républicain, avec une première victoire l'élection de Donald Trump en 2016. Et puis, il y a un concours de circonstances : l'homme d'affaires a pu nommer au cours de son mandat trois juges, c'est à dire renouveler un tiers de la Cour suprême. Le rapport de force s'est inversé. Ces trois magistrats sont conservateurs, ouvertement opposés à la législation actuelle sur l'avortement et prêts à faire revenir leur pays 50 ans en arrière. 

La couleur verte brandie par les manifestants

Dans les rues de Manhattan, le vert était brandi devant les bâtiments fédéraux. Le vert, cette couleur symbolique de l'avortement. "Je me sens blessée", a déploré, en pleurs Victoria, 20 ans. "Hier soir, j'ai pleuré en apprenant la nouvelle. J'ai eu peur. Je suis profondément déçu par la Cour suprême. Elle essaie de nous priver d'un droit que nous avons depuis 50 ans."

Cette autre militante de 79 ans faisait partie des Américains descendus dans la rue il y a un demi-siècle déjà, pour le droit à l'avortement. "Je suis vraiment ravie de voir à quel point ces jeunes femmes sont en colère. Elles ont raison de l'être. Aujourd'hui, il faut être partout. On doit répondre au juge de la manière la plus forte possible", s'exclame-t-elle.

L'appel du président Joe Biden

Joe Biden, catholique fervent qui n'a pas toujours été un farouche partisan de l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), a endossé le rôle de premier défenseur du droit à l'avortement aux États-Unis. Mardi, c'est sans ambiguïté qu'il a qualifié l'accès à l'avortement de droit "fondamental", appelant les Américains à voter pour le défendre aux élections législatives prévues en novembre.

Joe Biden a déjà utilisé le mot "avortement", mais très rarement, dans des communiqués signés du président - préférant évoquer le "droit des femmes à choisir" ou la "santé reproductive".