Une juge américaine a ordonné lundi de réduire à 78 millions de dollars, contre 289 millions, la somme que devra payer à un jardinier souffrant d'un cancer le géant Monsanto, accusé d'avoir caché la dangerosité de son désherbant Roundup.
Monsanto condamné. Le 10 août, un jury populaire de San Francisco avait conclu que Monsanto avait agi avec "malveillance" en cachant le caractère potentiellement cancérigène du glyphosate et que ses désherbants grand public Roundup et professionnel RangerPro avaient "considérablement" contribué à la maladie de Dewayne Johnson, 46 ans et en phase terminale. Celui-ci a abondamment utilisé le Roundup dans le cadre de son travail dans des écoles de Californie pendant deux ans, à partir de 2012.
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Une somme destinée à punir Monsanto jugée excessive. Ce verdict a été maintenu lundi sur le fond par la juge de San Francisco Suzanne Bolanos, qui avait mené les débats du procès cet été. À l'issue de ce procès historique, le jury avait condamné Monsanto à verser quelque 289 millions de dollars (soit 252 millions d'euros) : 39 millions (34 millions d'euros) au titre du préjudice moral et financier infligé au plaignant et 250 millions (218 millions d'euros) au titre des dommages destinés à punir la firme, selon les termes juridiques américains. C'est cette dernière somme que la juge a estimé excessive, dans une décision écrite rendue publique lundi.
De 289 à 78 millions de dollars. Se fondant notamment sur la jurisprudence, elle a estimé que compte tenu de l'importance de la compensation de 39 millions de dollars octroyée à Dewayne Johnson au titre des ses préjudices moraux et économiques, il convenait d'infliger au maximum la même somme au titre de dommages punitifs à Monsanto. Ce qui porte désormais la somme totale à 78 millions de dollars. Dewayne "Lee" Johnson a jusqu'au 7 décembre pour accepter cette décision. S'il la refuse, la juge organisera un nouveau procès mais uniquement pour fixer un nouveau montant de dommages punitifs, est-il encore précisé.
Bayer, propriétaire de Monsanto, veut toujours faire appel. L'allemand Bayer, qui vient de racheter Monsanto, a indiqué pour sa part toujours prévoir de faire appel du verdict sur le fond. "La décision du tribunal de réduire les dommages punitifs de plus de 200 millions de dollars est un pas dans la bonne direction mais nous pensons toujours que le verdict de responsabilité et l'octroi de dommages et intérêts ne sont pas étayés par les éléments du procès ou le droit", a écrit dans un communiqué le géant agrochimique, qui continue d'affirmer que son produit, commercialisé depuis plus de quarante ans et largement utilisé dans le monde entier, est inoffensif.
Monsanto a récemment déposé une demande de nouveau procès - une procédure distincte de l'appel - estimant notamment que les débats n'avaient pas prouvé de lien de cause à effet entre le cancer et le glyphosate ni que la firme avait agi avec "malveillance".
Le roundup, un produit très contesté. Ce procès historique était le premier mettant sur le banc des accusés les produits au glyphosate de Monsanto. Selon Bayer, il y a 8.000 procédures juridiques en cours rien qu'aux États-Unis contre les produits au glyphosate de Monsanto. Attaqué partout sur la planète, mais rarement interdit et jamais condamné jusqu'à la décision du tribunal de San Francisco en août, le glyphosate est la substance de base du Roundup et c'est le désherbant le plus utilisé au monde. Classé "cancérigène probable" depuis 2015 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le glyphosate est utilisé sous diverses marques, la plus célèbre étant le Roundup.
Bayer plombé en Bourse par la confirmation du jugement Roundup
Le titre du géant allemand de la chimie Bayer a dégringolé mardi en Bourse, après la confirmation aux États-Unis de la condamnation de sa filiale Monsanto. Bayer a chuté en début de séance de 6,69% à 71,42 euros à la Bourse de Francfort, portant à plus de 30% ses pertes depuis le début de l'année.