Le contexte. Depuis le 1er janvier, des dizaines d'hommes armés occupent un parc naturel de l'Oregon, dans le nord-ouest des Etats-Unis. Ils dénoncent la condamnation de deux de leurs collègues éleveurs - Dwight Hammond, 73 ans, et son fils Steven, 46 ans - à cinq ans de prison pour avoir mis le feu à des terres fédérales.
Une milice anti-gouvernement fédéral. Mais au fil des jours le soutien aux deux hommes s’est transformé en lutte anti-gouvernement, s’inscrivant ainsi dans une longue tradition d'hostilité aux autorités fédérales. Le gouvernement américain possède 53% des terres de l'Oregon. Lorsque les éleveurs veulent faire paître leurs troupeaux sur des terres fédérales, ils doivent s’acquitter d’une taxe. Une pratique qu’ils dénoncent.
Des cowboys et un leader. Une figure s’est démarquée de ce groupe composé essentiellement d’hommes : Ammon Bundy, identifié comme le meneur de cette mobilisation. L’homme est entouré, entre autres, de son frère Ryan, mais aussi d’hommes venus d’autres Etats comme LaVoy Finicum, venu d'Arizona. Certains de leurs acolytes sont d'anciens militaires antigouvernementaux comme Jon Ritzheimer, connu pour ses positions anti-islam.
Ammon Bundy a donné une conférence de presse pour "dénoncer l’action des autorités gouvernementales" :
Des revendications qui ne séduisent pas l’opinion. Le groupe réclame la restitution de terres, détenues par les autorités fédérales, à la population, et plus précisément aux éleveurs. Mais des voix commencent déjà à s’élever. "Les manifestants n'ont aucun droit sur ce territoire", a, par exemple, répliqué une tribu indienne d'Oregon, affirmant que l'occupation menée par les Bundy "profane l'une de nos terres sacrées", selon les termes de Charlotte Rodrique, l'une des représentantes de la tribu Burns Paiute.
" Les terres sont déjà aux mains du peuple "
Randy Eardley, porte-parole d'une agence fédérale de gestion des terrains fédéraux s'est également insurgé : "c'est frustrant d'entendre que nous devons rendre des terres au peuple, parce qu'elles sont déjà aux mains du peuple", contrairement aux terrains privatisés. "Nous gérons le parc du mieux possible pour ses propriétaires, le peuple, que ce soit pour les loisirs, la pâture, l'exploitation minérale et énergétique", a-t-il ajouté.
Une opinion américaine partagée. Très suivie aux Etats-Unis, dans les journaux et à la télévision, l’occupation du refuge n’est donc pas au goût de tous les Américains. Certains évoquent aussi les conséquences économiques de ce blocage. Mardi, le shérif du comté de Harney, où se trouve le parc, a souligné que les écoles locales étaient restées fermées toute la semaine par souci de sécurité, tout comme le tribunal, sans parler du parc lui-même, interdit au public jusqu'à nouvel ordre. Si elle continue, l'occupation "aura un impact encore plus fort sur le tourisme et l'économie", a-t-il fait valoir.