Quand il a été élu, Joe Biden promettait un consensus avec les Républicains sur des grandes réformes, l’immigration, l’emploi, l’environnement, etc. Lui, au moins, après 40 ans vissé à son siège de Sénateur, connaissait les arcanes du Congrès, pas comme ce Trump venu de New York qui allait, disait-il, mettre un terme à la politique de division à Washington.
Biden joue son va-tout
La vieillesse n’est pas forcément un naufrage, cela peut-être une pataugeoire. Depuis un an, Joe Biden patauge au Congrès. Il a fallu une procédure simplifiée pour faire passer en urgence son plan de relance. Il vient d’échouer à faire adopter sa grande réforme des infrastructures. Et il joue son va-tout politique, avec cette réforme électorale.
De quoi s’agit il ? D’uniformiser les règles de vote dans les cinquante états. La Maison Blanche accuse les Etats du sud de comploter pour dissuader les minorités de voter.
Par exemple, des gouverneurs veulent interdire la distribution de boissons ou de repas gratuits dans les files d’attente des bureaux de vote. Joe Biden s’y oppose. D’autres voudraient que l’électeur présente une pièce d’identité avec une photographie. Biden s’en indigne. Il y en a aussi qui veulent limiter le vote par correspondance ou le vote anticipé, au prétexte qu’après la "zoubia" des recomptages en l’an 2000, puis la contestation fiévreuse du résultat l’an dernier, il est temps de sécuriser le scrutin. Le président fait mine d’être scandalisé…
Il est allé le dire mardi en Géorgie…
La semaine dernière, il faisait un discours au canon au Capitole et sans jamais nommer Donald Trump, il le dénonçait comme une réincarnation de Néron regardant Rome en flammes. Mardi, il était à Atlanta pour une autre séance de conjuration. Il est allé se recueillir sur la tombe de Martin Luther King. Joe Biden est toujours éloquent quand il prie en silence devant une nuée de caméras. Il était accompagné de Kamala Harris, la plus célèbre des figurantes. Ils ont fait ensemble pèlerinage dans l’église baptiste où officiait l’icône de la lutte pour les droits civiques.
Joe Biden veut tenter le passage en force au Sénat
Vous savez qu’il y a l’égalité parfaite en nombre de sièges : 50 Démocrates, 50 Républicains. Et pour les départager, la voix de Kamala Harris, qui n’est pas seulement la veuve putative de Joe Biden, elle est aussi Présidente du Sénat et sa voix fait donc la différence. Autant en profiter avant de prendre une raclée aux élections de novembre prochain.
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Sauf qu’il y a une règle, celle du "filibuster" qui fait qu’au Sénat une loi peut rencontrer une opposition déterminée consistant à bloquer le vote par des discours interminables jusqu'à l'abandon de la loi discutée ou la convocation d'un vote final où il faut une majorité des 3/5, soit soixante élus pour l’adopter. Joe Biden veut liquider cette tradition encombrante. Il la présente comme une relique de l’époque raciste. 51 voix sur 100, c’est bien assez quand on a le cœur pur, et les afro-américains avec soi. Mais même 51 voix, il n’est pas sûr de les obtenir.
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C’est une nouvelle crise en perspective, alors que la popularité du président est au plus bas. Avec Joe Biden, les Américains croyaient s’embarquer pour une promenade de santé, ils se retrouvent dans une course de stock cars. Une crise après l’autre. Une nouvelle crise pour oublier la précédente. Inflation, chômage, criminalité, migrants à la frontière, covid : tous les voyants sont au rouge. Le Président n’a plus que des victoires symboliques et des défaites éclatantes pour mobiliser sa base électorale.