États-Unis : qui sont les grands électeurs, déterminants pour remporter l’élection présidentielle ?

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Qui de Donald Trump ou de Kamala Harris remportera l'élection présidentielle américaine dans deux semaines ? Si des millions d'Américains sont appelés aux urnes, l'élection du futur président des États-Unis est décidée grâce à un système particulier : celui du collège électoral, composé de 538 membres appelés "grands électeurs". Comment cela fonctionne-t-il ? On fait le point.
DÉCRYPTAGE

Deux candidats au coude-à-coude s'affronteront dans les urnes le 5 novembre prochain. L'enjeu est colossal puisqu'il s'agira de choisir le futur président des États-Unis, dans un contexte international extrêmement tendu. Les 244 millions de votants sont appelés à choisir entre Kamala Harris, l'actuelle vice-présidente aux côtés du démocrate Joe Biden, et Donald Trump, l'ancien président républicain.

Mais contrairement à la France, le choix final revient aux "grands électeurs", membres d'un collège électoral, comme le dispose l'alinéa 2 de l'article II de la Constitution des États-Unis. Comment fonctionne ce système particulier ? Qui sont-ils ? Explications.

Un système indirect

En effet, la désignation du président américain se fait par un scrutin indirect. Les électeurs ne désignent pas une personne, mais la "couleur politique", soit le parti que vont représenter les grands électeurs de leur État. Ces grands électeurs sont au nombre de 538, chiffre qui correspond aux nombres de parlementaires de l'État fédéral : 100 sénateurs et 435 pour la Chambre des représentants. À cela s'ajoute trois grands électeurs pour le district de Columbia, comprenant Washington, la capitale, qui n'est pas un État, mais est tout de même représenté.

Ce sont ces 538 grands électeurs qui forment le collège électoral, chargé de désigner officiellement le prochain locataire de la Maison-Blanche pour quatre ans. Une "deuxième élection présidentielle" a donc lieu le 17 décembre. Ils sont désignés par les partis qu'ils représentent. La Constitution du pays ne prévoit aucun "guide" pour leur désignation, hormis qu'"aucun sénateur ou représentant (…) ne pourra être nommé électeur". La plupart du temps, il s'agit donc d'adhérents du parti, de lobbyistes, d'officiels locaux ou de personnalités politiques à la retraite, comme Bill Clinton en 2016, comme le rappelle le journal Le Monde.

La règle du "Winner takes all"

Si les deux partis sont représentés par les grands électeurs candidats dans chaque État, l’élection des grands électeurs est un scrutin majoritaire de listes fermées. Autrement dit, celui arrivé en tête du scrutin remporte tous les grands électeurs de l’État. Ainsi, avec 50 % des suffrages plus une voix, le candidat en tête envoie tous les grands électeurs acquis à sa cause au collège électoral. C'est la règle du "winner takes all", soit "le gagnant prend tout". Ces derniers s'engageront donc à voter pour Donald Trump ou pour Kamala Harris le 17 décembre.

Deux exceptions existent cependant sur le territoire américain : dans le Maine et au Nebraska, le système inclut une dose de proportionnelle. Un grand électeur est choisi dans chaque district dit "congressionnel" en fonction du résultat du vote populaire, puis deux grands électeurs sont élus au niveau de l’État en fonction du résultat global, rappelle le quotidien Ouest-France.

Pour éviter un vote déloyal - qui ne correspondrait pas à la majorité - 33 États ainsi que le District de Columbia possèdent des lois obligeant les grands électeurs à suivre le vote populaire en imposant soit une amende, soit un électeur remplaçant. Si elles sont rares, les trahisons peuvent cependant exister. Globalement, ce mode de scrutin explique les disparités entre le nombre de voix populaires et l’écart entre les grands électeurs obtenus.

Une répartition liée à la population des États

Les 538 grands électeurs sont répartis en fonction du nombre d'habitants par État. De fait, la Californie, qui possède le plus d'habitants, possède également le plus grand nombre d'électeurs : 54. Les États les moins peuplés, comme le Wyoming, le Vermont ou l'Alaska possèdent un minimum de trois grands électeurs, ce qui les place en légère surreprésentation, comparé à d'autres États.

Dans certains États, qui ont vu leur nombre d'habitants évoluer, la répartition des grands électeurs a quelque peu changé. Le Texas a, par exemple, deux grands électeurs de plus. Le Colorado, la Floride, le Montana, la Caroline du Nord et l’Oregon ont gagné une voix de plus. Là où la Californie, l’Illinois, le Michigan, l’État de New York, l’Ohio, la Pennsylvanie et la Virginie-Occidentale ont perdu un grand électeur chacun.

Ces changements ont leur importance, car ils peuvent faire pencher la balance du côté démocrate ou républicain, selon l'étiquette politique de ces électeurs, notamment dans les "Swing states", ces États où rien n'est joué à l'avance. L'élection des grands électeurs sera donc déterminante, d'autant que pour certains spécialistes, l'élection présidentielle américaine sera l'une des "plus serrées" depuis au moins 25 ans.