Des dizaines de millions d'Américains l'attendent avec impatience. Mardi soir, Donald Trump va livrer depuis le Capitole le traditionnel "discours sur l'état de l'Union", rendez-vous annuel depuis le premier prononcé par George Washington en janvier 1790. Très suivi, ce rituel effectué devant le Congrès est l'occasion de mettre en avant un bilan tout en traçant des perspectives, de vanter les réussites passées tout en esquissant les priorités à venir. Mais cette année, le contexte n'est pas des plus simples pour Donald Trump.
Affaibli par le "shutdown". Le président américain apparaît en effet très affaibli politiquement. Le Congrès vient tout juste de l'humilier politiquement : après 35 jours de bras de fer, Donald Trump s'est résolu à stopper le "shutdown", ce blocage des administrations engendré par un désaccord sur le budget. En l'occurrence, c'est le financement du mur que le chef de l'État veut construire à la frontière mexicaine, rejeté par la Chambre des Représentants majoritairement démocrate, qui n'a jamais mis tout le monde d'accord. La paralysie a même obligé à reporter ce fameux "discours sur l'état de l'Union", initialement prévu fin janvier. Et à la fin, Donald Trump a reculé sans rien obtenir en échange de ses adversaires politiques. "Tout ça pour ça", ont soupiré bon nombre de responsables et de citoyens américains.
Des Républicains qui ne le soutiennent plus. Mardi, Donald Trump s'apprête à parler depuis la tribune avec, assise au-dessus de lui, sa nouvelle pire ennemie : Nancy Pelosi, patronne des démocrates à la Chambre, qui lui a tenu tête et l'a forcé à plier. Et le dirigeant ne peut même pas compter avec certitude sur son propre camp, dont les applaudissements risquent de sonner faux. L'annonce récente du retrait des troupes américaines d'Afghanistan, suite logique du désengagement de l'armée en Syrie, n'a pas plu chez les Républicains. Les sénateurs ont d'ailleurs voté récemment des textes pour l'empêcher.
Au plus bas dans les sondages. Ils ne sont pas les seuls à penser que Donald Trump a tout faux sur la politique étrangère : les chefs de ses propres services de renseignements, la CIA, le FBI et les autres, ont publiquement dit tout le contraire de ce que le président assène à coups de tweets sur la Russie, l'Iran, la Corée du Nord ou encore l'État islamique... du jamais vu.
Le renseignement US (dans un rapport aujourd'hui) :
— Xavier Yvon (@xavieryvon) 29 janvier 2019
- "peu probable" que la Corée du Nord abandonne ses armes nucléaires
- l'EI a encore "des milliers de combattants" en Syrie et Irak.
Trump : la Corée du Nord n'est plus une menace, et l'EI a été vaincue.
Enfin, s'il bénéficie toujours de supporters déterminés dans certains États, notamment les zones désindustrialisées qui ont massivement voté pour lui en 2016, Donald Trump est au plus bas dans les sondages. Au point que, dans son camp, certains sont inquiets et ne le voient pas se faire réélire en 2020.
Ennuis judiciaires. Pour couronner le tout, le président américain cumule les ennuis judiciaires et apparaît sérieusement menacé par l'enquête sur ses liens avec la Russie. Les têtes tombent autour du président. Dernier épisode en date : l'arrestation spectaculaire par le FBI de l'un de ses vieux conseillers, Roger Stone, sorte de Machiavel, homme des basses œuvres des Républicains. Il rejoint une longue liste composée de l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, son ancien conseiller à la sécurité nationale, son ancien avocat personnel... tous sont accusés d'avoir menti au FBI ou au Congrès sur leurs liens avec la Russie. Reste à trouver pourquoi.
L'enquête Mueller a trouvé qu'il y avait bcp de menteurs autour de Trump :
— Xavier Yvon (@xavieryvon) 28 janvier 2019
son ex-directeur de campagne,
son ex-directeur adjoint de campagne,
son ex-avocat personnel,
son conseiller politique de toujours,
ont été accusés de mentir aux enquêteurs sur la Russie.
Pourquoi ?
Pour l'instant, rien n'incrimine Donald Trump, rien ne prouve qu'il s'est entendu avec les Russes pour influencer le vote des Américains en 2016. Mais cette enquête tentaculaire, menée par le procureur spécial Robert Mueller, arrive à son terme. De ses conclusions dépend une éventuelle procédure de destitution. Si celle-ci devait être déclenchée, elle le sera dans le même hémicycle où le président américain s'exprime mardi soir.