Des explosifs qui passent à travers les mailles du filet, des équipements défaillants et même l'embauche de personnes suspectées de terrorisme : les aéroports américains ne sont pas aussi sûrs qu'ils semblent l'être, selon un rapport dévoilé mardi de l'Inspection générale (OIG), un organisme fédéral indépendant .
Des suspects employés. Au moins 73 employés ont été recrutés dans des aéroports américains malgré des liens possibles avec des organisations extrémistes. Selon le journal américain Los Angeles Times, les noms de ces personnes se trouvaient dans une base de données fédérale mais n'ont pas été détectés par l'Autorité américaine de sécurité dans les transports (TSA) au moment de leur embauche. Et pour cause, l'organisme responsable du contrôle des passagers et des bagages "n'a pas accès à toutes les informations relatives au terrorisme", a révélé John Roth, l'inspecteur général du ministère de la Sécurité intérieure. La TSA n'est en effet pas autorisée à consulter la "No Fly List" du FBI, qui interdit à ceux qui y figurent de prendre des vols au départ ou à destination des Etats-Unis.
D'anciens employés "badgés" de l'aéroport de Minneapolis-St Paul se sont rendus en Syrie pour rejoindre l'organisation Etat islamique, a révélé Becky Roering, l'employée de la TSA qui a dévoilé ces failles. Pour un sénateur démocrate, la nouvelle est d'autant plus "inacceptable" que "la menace intérieure représente une réelle inquiétude de sécurité dans nos aéroports", selon les propres mots d'une responsable de la TSA.
Des criminels en zone sécurisée. Tout aussi "troublantes", selon Becky Roering, les failles du programme de "Pre-Check". Ce programme permet à des passagers américains qui fournissent leurs informations personnelles et payent des frais d'éviter les longues files d'attente aux points de contrôle des aéroports. "TSA gère le système Pre-Check comme des bonbons d'Halloween, pour faire passer les passagers le plus vite possible", a dénoncé la responsable des inspections.
Mais selon le quotidien Washington Post, ce programme a été étendu à d'autres clients de compagnies aériennes, à l'époque où John Pistole était patron de la TSA (il a démissionné de ses fonctions il y a six mois). En plus des passagers demandant à faire partie du programme "Pre-Check", environ 7,2 millions de personnes ont été sélectionnées au hasard pour figurer sur cette liste, afin de faire gagner du temps à la fois aux voyageurs et aux agents de sécurité, selon la lanceuse d'alerte.
L'employée de la TSA rapporte le cas d'un repris de justice, ancien membre d'une organisation extrémiste, qui a été autorisé, rapidement et sans encombre, à pénétrer en zone sécurisée. Connu pour son passé criminel, cet homme avait pourtant été identifié au faciès par un agent de la TSA, qui avait alerté son supérieur.
De fausses bombes passent des contrôles. L'OIG se penche actuellement sur une opération de test de la sécurité des aéroports, lors de laquelle de vraies armes et de fausses bombes ont passé les contrôles plus de 95% du temps, rapporte le Washington Post. Pour John Pistole, les officiers qui ont mené ces tests ont probablement pu passer les contrôles grâce à leurs connaissances accrues du système de sécurité. Une justification réfutée par John Roth, l'inspecteur général qui a dirigé l'équipe.
Pour Robert Maclean, agent de la police de l'Air, célèbre lanceur d'alerte à la Cour suprême, la TSA se concentre trop sur les armes à feu, qui représentent une "distraction" aux points de sécurité. "Si j'étais un terroriste loup solitaire et que je voulais provoquer le chaos dans un avion ou le forcer à atterrir, je prendrais des stéroïdes", a-t-il dit, "je réserverais un siège en première classe et j'embarquerais avec une paire de ciseaux approuvés par la TSA (...) qui peuvent tuer un nombre significatif de passagers".
La TSA reste aveugle. La TSA ne "comprend pas la gravité de la situation", a fustigé l'inspecteur général John Roth. La semaine dernière, le ministre américain de la Sécurité intérieure Jeh Johnson avait annoncé des mesures immédiates, après avoir été informé de ces nombreuses failles et "vulnérabilités" encore classifiées.