Le bras de fer entre Donald Trump et l'application TikTok se poursuit. Le président américain devrait "passer à l'action dans les prochains jours" contre plusieurs applications liées à des entreprises chinoises, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. "Le président Donald Trump a dit 'ça suffit' (...), donc il va prendre des mesures dans les jours qui viennent en réponse aux divers risques pour la sécurité nationale que posent les logiciels liés au Parti communiste chinois", a-t-il ajouté lors d'une interview sur la chaîne Fox News.
"Nous n'allons nulle part"
TikTok, application qui permet de partager de petites vidéos qualifiées de "légères" avec son réseau, doit être vendu ou bloqué aux Etats-Unis à cause des inquiétudes pour la sécurité nationale, a aussi averti dimanche le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, sur la chaîne ABC. Le ton monte depuis vendredi contre le réseau social international du groupe chinois ByteDance, après des semaines de menaces et de pression. Dans un contexte de tensions politiques et commerciales avec la Chine, Washington accuse depuis des mois l'interface de pouvoir être utilisée par le renseignement chinois à des fins de surveillance. TikTok a toujours fermement nié tout partage de données avec Pékin.
Le locataire de la Maison blanche a annoncé vendredi soir qu'il "bannissait" la très populaire application, qui compte plus d'un milliard d'utilisateurs dans le monde. "Nous n'allons nulle part", a réagi Vanessa Pappas, responsable de la branche Etats-Unis de TikTok, dans une vidéo publiée sur le réseau samedi, assurant aux utilisateurs que l'application était là pour "rester". Elle a promis 10.000 créations d'emplois aux Etats-Unis sur trois ans et ajouté que l'entreprise travaillait à construire l'appli "la plus sûre", "parce que nous savons que c'est la bonne chose à faire".
"Tout le monde est d'accord qu'elle ne peut pas exister telle quelle"
TikTok s'est également défendu d'être un logiciel espion, insistant sur le fait que tout était géré par une compagnie à capitaux privés et que le siège se situait à Los Angeles. Les données des utilisateurs sont stockées sur le sol américain et à Singapour, a également rappelé l'application.
Selon Mike Pompeo, des réseaux comme WeChat ou TikTok "envoient directement des données (sur leurs utilisateurs) au Parti communiste chinois", y compris "leur adresse, leur numéro de téléphone, leurs amis, leurs contacts". "Pendant longtemps, les Etats-Unis ont juste dit, bon, si on s'amuse ou si des entreprises font de l'argent avec, nous allons les tolérer", a-t-il ajouté.
Steven Mnuchin a rappelé que le CFIUS, l'agence de son ministère chargée de s'assurer que les investissements étrangers ne présentent pas de risque pour la sécurité du pays, enquêtait sur TikTok. "Toute l'agence s'accorde sur le fait que TikTok ne peut pas rester dans le format actuel parce qu'elle risque d'envoyer des informations sur 100 millions d'Américains", a-t-il précisé.
Il s'est aussi entretenu avec les leaders démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et Chuck Schumer au Sénat. "Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut du changement. Forcer une vente ou bloquer l'appli. Tout le monde est d'accord qu'elle ne peut pas exister telle quelle".
Donald Trump change de position sur le rachat
Mais vendredi soir, Donald Trump a aussi fait savoir qu'il était opposé à un rachat par un groupe américain, une solution qui mettait pourtant d'accord la plupart des acteurs en présence, y compris ByteDance, selon le New York Times. D'après le Wall Street Journal, les négociations pour l'acquisition des activités américaines de TikTok par Microsoft étaient à l'arrêt samedi à cause des commentaires du président. Malgré tout, le géant américain reste disposé à acquérir la branche américaine de TikTok.
Donald Trump s'est finalement ravisé. "J'ai fixé une date autour du 15 septembre, à compter de laquelle ils n'opérerons plus aux Etats-Unis", a déclaré à la presse le président américain. "Il fermera le 15 septembre à moins que Microsoft ou une autre entreprise soit en mesure de l'acheter et de trouver un accord", a-t-il ajouté.