Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni : le résultat des Européennes vu par nos correspondants

Les élections européennes se sont clôturées dimanche soir, avec des résultats divers selon les pays.
Les élections européennes se sont clôturées dimanche soir, avec des résultats divers selon les pays. © PATRICK HERTZOG / AFP
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Hélène Kohl, Henry de Laguérie, Agnès Cordoba et Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Margaux Baralon , modifié à
Les pays voisins de la France ont connu des destins divers pour les élections européennes. Si les écologistes ont triomphé en Allemagne et les socialistes en Espagne, ce sont les partis eurosceptiques qui se sont imposés en Italie et au Royaume-Uni. Le résumé des leçons à retenir, fait par les correspondants d'Europe 1.
ANALYSE

Tandis qu'en France, le scrutin des européennes a été marqué par la victoire du Rassemblement national, arrivé en tête, et la percée des écologistes, qui ont créé la surprise en troisième position, qu'en est-il chez nos voisins européens ? Selon les pays, des forces résolument européistes ou, au contraire, eurosceptiques, ont tiré leur épingle du jeu. Voici ce qu'en retiennent les correspondants d'Europe 1.

En Allemagne et en Espagne, les pro-européens l'emportent

En Allemagne, les écologistes ont détrôné les socio-démocrates du SPD comme la première force à gauche. Les "Grünen" sont deuxième au niveau national, avec plus de 20% des suffrages, et premier dans quasiment toutes les grandes villes, de Berlin à Francfort en passant par Munich. Ils ont même franchi la barre des 40% dans certains quartiers. Ce sont leurs positions claires sur l'environnement, mais aussi l'immigration et les questions sociétales qui leur ont donné du crédit auprès des électeurs qui avaient placé ces thématiques en tête de leurs préoccupations avant le scrutin.

En creux, ces résultats révèlent aussi une sanction de l'inaction du gouvernement d'Angela Merkel sur des dossiers que les électeurs voyaient prioritaires, comme le diesel en ville ou l'abandon de la filière du charbon. Aujourd'hui, la "grande coalition" au pouvoir, alliance de la CDU-CSU conservatrice et du SPD, ne rassemble plus que 43% des Allemands. Par leur pragmatisme, les Verts allemands pourraient offrir un profil de partenaire de coalition idéal, pour la gauche comme la droite. Ils gouvernent d'ailleurs déjà dans 9 des 16 Länder, tantôt avec les uns, tantôt avec les autres.

En Espagne aussi, les partisans de l'Union européenne ont triomphé, par l'entremise des socialistes. Ces derniers, qui remportent 32% des suffrages, finissent loin devant la droite (20%). Un élan europhile confirmé par le faible score de Vox, le parti d'extrême droite (6%). Le chef du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez, espère bien profiter de cet élan et du vide laissé par le Royaume-Uni et l'Italie pour exister à Bruxelles. Preuve de cette nouvelle influence, il doit dîner lundi soir avec Emmanuel Macron, qui voit en lui un allié. De fait, Pedro Sanchez a travaillé au Parlement européen il y a quelques années, parle plusieurs langues dont le français, et reste un fervent défenseur de l'Europe.

En Italie et au Royaume-Uni, les eurosceptiques en tête

L'ambiance est bien différente en Italie, où la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini a triomphé. Le parti populiste, qui faisait 6% il y a cinq ans, est aujourd'hui crédité de 34% des voix. En nombre de voix, le bond est encore plus spectaculaire : en seulement un an, depuis les dernières législatives, la liste de la Ligue est passée de 5,5 millions à plus de 9 millions d'électeurs. Son discours de droite dure, anti-migrants, anti-Europe, proche de celui du Rassemblement national en France ou du FPÖ en Autriche, fait recette. Mais ce qui préoccupe d'abord les Italiens, c'est l'alliance que forme la Ligue avec le Mouvement 5 étoiles (M5S) au gouvernement. En effet, le M5S s'est effondré aux européennes et pèse désormais bien peu, trop peu disent certains, pour rester au pouvoir.

Au Royaume-Uni aussi, les eurosceptiques ont dominé le scrutin, du moins à première vue. Le Brexit Party, né il y a à peine deux mois, est le grand gagnant de l'élection avec 31,6% des voix. Mais les petits partis europhiles sont les autres gagnants de ce scrutin : les libéraux-démocrates et les verts arrivent respectivement 2e et 4e. Ces résultats montrent un vote pro et anti-Europe au coude à coude, signe des divisions profondes des Britanniques sur le Brexit. C'est également la première fois qu'aucun des deux grands partis, conservateur et travailliste, ne figurent parmi le duo gagnant d'une élection nationale.

Les conservateurs, qui réalisent le pire score de toute leur histoire, sont 5e avec seulement 9% des voix. Ils paient très cher leur incapacité à mettre en œuvre le Brexit, symbolisée vendredi par l'annonce de la démission de Theresa May début juin. Les travaillistes, eux, n'arrivent qu'en 3e position avec 14% des voix. Un très mauvais score dû notamment à leur refus de tenir un second référendum sur le Brexit.