Soulagement à Marioupol. 3.000 civils ont pu fuir cette ville du sud-est de l'Ukraine assiégée par les Russes depuis le début de la guerre. 45 bus sont venus les chercher après l'annonce d'une trêve par Moscou. Jusqu'à présent, les habitants ne pouvaient quitter Marioupol que par leurs propres moyens, en prenant de gros risques.
"Des cadavres étendus ici et là"
Viktoria fait partie de ceux qui ont réussi à fuir. Elle raconte le martyre de sa ville au micro d'Europe 1. "Il n'y a juste plus rien. Seulement des ruines. En roulant, on pouvait voir des cadavres étendus ici et là", se souvient-elle, la voix serrée. "Des bras et des jambes arrachées gisaient partout. Nous avons vu des fragments d'obus, des gens étendus par terre, des croix. Maintenant, il n'y a plus qu'une tombe commune pour tous, sans qu'on ne sache qui s'y trouve".
"Un convoi humanitaire est d'abord un accord politique"
La Croix-Rouge doit tenter d'ouvrir un énième couloir humanitaire. Sans succès. "Des convois humanitaires sont en négociation. On a vu hier, ça a échoué, mais j'espère très sincèrement que ça pourra être mis en place", confie Marie-Pierre Caley, directrice générale de l'ONG française de solidarité internationale ACTED. Elle insiste sur la nécessité de discuter avec les Russes car "un convoi humanitaire est d'abord un accord politique". "C'est la Croix-Rouge qui coordonne tout ça, qui est très légitime et qui sait faire ce genre de choses, et qui doit discuter avec tous les responsables des check points pour qu'ils laissent passer le convoi et garantir sa sécurité", poursuit-elle.
Un couloir humanitaire fonctionne "à double sens". "C'est à dire que dans la mesure du possible, non seulement on évacue les civils, mais aussi on peut acheminer de l'aide pour les gens qui sont encore à Marioupol", explique Marie-Pierre Caley. La directrice générale d'ACTED est en contact avec la Croix-Rouge. "Ce qu'on espère de tout cœur c'est qu'ils y arrivent et que ça va durer plusieurs jours".