Le procès en appel de l'ultranationaliste serbe Vojislav Seselj, acquitté à la surprise générale en première instance de crimes de guerre, s'ouvre mercredi, marqué par son absence. Cet homme devenu député refuse de venir depuis Belgrade pour assister à son propre procès.
Un admirateur de Trump et de Le Pen. Déjà absent lors de son premier jugement, cet admirateur du président américain Donald Trump et du fondateur du Front National français Jean-Marie Le Pen a dit n'avoir "plus rien à faire avec (ce) tribunal". "J'ai passé douze ans à La Haye à attendre que le tribunal prouve les accusations qui pèsent contre moi", a déclaré Vojislav Seselj, joint par téléphone. "Puisque j'ai été acquitté en première instance, je ne vois pas ce qu'il reste pour ce mécanisme, ce qu'il peut faire avec mon verdict."
Acquitté à la surprise générale. Il avait été acquitté à la surprise générale en mars 2016 par le TPIY de neuf chefs d'accusation pour nettoyage ethnique contre des Croates, des musulmans et autres non-Serbes dans les années 1990 : le tribunal avait estimé qu'il n'était pas "le chef hiérarchique" des milices de son Parti radical serbe (SRS). Mais ce jugement comportait des "erreurs de grande envergure" et des "manquements fondamentaux" selon le procureur Serge Brammertz, qui avait rapidement interjeté appel. Son bureau devra convaincre mercredi les cinq juges que, comme l'a dit l'accusé lui-même, "les mots peuvent être une arme redoutable".
Pour ses détracteurs, Vojislav Seselj, 63 ans, a personnifié le nationalisme serbe lors des conflits des Balkans, les alimentant par ses discours enflammés. Il avait ainsi encouragé ses troupes à "n'épargner personne" lors du siège de la ville croate de Vukovar en 1991 et qualifié les musulmans d'"excréments" un an plus tard à Mali Zvornik, en Serbie.