Le 27 janvier dernier, Donald Trump signait un décret - bloqué depuis par la justice - interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de sept pays musulmans, dont la Syrie. Une décision loin d’être vécue comme une humiliation par Bachar al-Assad, qui tempère néanmoins : "Il faut être prudent avec chaque dirigeant occidental".
"Il s’y est pris à sa manière". "Ce n’est pas le peuple syrien qui est visé ici. Ce sont les terroristes, qui pourraient s'infiltrer à travers certains immigrants venus à l’Ouest”, estime le président syrien, interrogé par Fabien Namias d'Europe 1 et Michel Scott de TF1. "Je pense que le but de Trump est d’interdire l'entrée à ces gens-là, alors il s’y est pris à sa manière (...)..En tant que président, je ne m'inquiète pas là-dessus."
"Mon souci à moi, c’est de pouvoir rapatrier les Syriens en Syrie, pas de les envoyer aux États-Unis", continue-t-il. "Je ne serai pas heureux de les voir émigrer vers d'autres pays. Ce qui me rend heureux c’est qu'ils puissent revenir en Syrie, parce qu'ils veulent y revenir. Car la majorité des Syriens est partie à cause du terrorisme et en raison de l’embargo occidental. Alors si je veux agir sur cette décision, je demanderai à Trump et aux pays occidentaux de lever l’embargo et d’arrêter de soutenir les terroristes. Ils n'auraient alors plus de problème sur ce point", lance-t-il.
"On veut utiliser notre cause pour alimenter leur conflit avec Trump". "Par ailleurs, et c’est un autre point important, ce n’est pas parce qu’on se soucie du sort des Syriens ou d’autres pays, qu'on soulève tout ce tapage autour des décisions de Trump. C’est parce qu’on veut utiliser notre cause, ou notre problème, ou notre conflit, pour alimenter leur conflit avec Trump", critique-t-il encore, sans nommer ses cibles.
Pas question pour autant de donner sa bénédiction au président américain. "Je ne pourrai me sentir à l’aise que lorsque j’aurai vu sa politique vis-à-vis de la Syrie. Je ne l’ai pas encore vue. Il faut être prudent avec chaque dirigeant occidental, parce qu’ils peuvent dire une chose le matin et faire le contraire le soir".
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L'interview intégrale de Bachar al-Assadpar Europe1fr