Quatre mois après le début de la guerre en Ukraine, les frappes russes "détruisent tout" sur leur passage, selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguei Gaïdaï, notamment à Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique voisine de Severodonetsk. L'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine, Nicolas Tonev, a pu le rencontrer.
Au 120e jour de la guerre en Ukraine , la région du Donbass est toujours sous le feu de la Russie . Les frappes russes "détruisent tout" sur leur passage, selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguei Gaïdaï, notamment à Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique voisine de Severodonetsk. Parallèlement, les Ukrainiens s'activent pour obtenir des armes et le statut officiel de candidat à l'Union européenne . L'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine, Nicolas Tonev, a pu rencontrer le gouverneur de la région de Lougansk, qui est le relais direct de Volodymyr Zelensky dans cette partie du pays.
Qu'espèrent les Ukrainiens des Européens ? "Nous attendons avant tout des livraisons rapides des armements de longue portée", assure Serguei Gaïdaï. "Parce que la Russie ne sait pas se battre !" Selon lui, "la Russie utilise la tactique guerrière du maréchal Joukov, datant de la Seconde Guerre mondiale". Cette technique consiste à "contraindre par la masse" : "Chez nous, en ce moment, ils comptent sur la masse, ils ne comptent pas les soldats." Et d'expliquer où l'armée russe recrute : "Les officiers russes et les généraux se servent dans les populations bouriates, iakoutes, tchétchènes." Des républiques indépendantistes, où les forces russes considèrent que "ce ne sont pas des hommes, c'est juste du matériel".
"Il faut parfois savoir laisser du territoire"
Interrogé sur la stratégie de l'armée ukrainienne face à l'ennemi, Serguei Gaïdaï explique qu'il "faut parfois savoir laisser du territoire", en prenant l'exemple de sa région de Lougansk. Dès le début de l'invasion russe le 24 février , "nous et les militaires avons laissé tout de suite 70% de la région".
Un choix fait en conscience : "Si nos militaires avaient essayé de garder la ligne de front sur toute la surface, elle aurait été très longue, il y aurait été très difficile de retenir l'adversaire." Depuis, affirme-t-il, "nous en sommes à quatre mois de guerre, et l'armée russe n'arrive toujours pas à prendre la région - qui n'est pas si grande". Pour Serguei Gaïdaï, "cela veut dire que la tactique a été bien choisie".
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Une fois mieux armés, "nous les arrêterons tout de suite"
Concernant les pertes subies par la Russie, le gouverneur assure qu'elles sont "colossales", tant du point de vue humain que matériel. Pour autant, il estime que les Russes "n'ont pas non plus une quantité illimitée de matériels", même s'"ils ont une énorme quantité de personnel avec leur population de plus de 140 millions d'habitants, et qu'ils ont beaucoup de matériel ancien", comme des tanks T72, de vieux BMP de soutien, un "héritage de l'Union soviétique".
Serguei Gaïdaï rappelle que même si "ce n'est pas du matériel très efficace, quand il y a dix vieux tanks qui roulent, ce sont tout de même dix tanks qui restent difficiles à détruire". Et d'insister, en référence aux demandes d'armes répétées de l'Ukraine à l'Occident : "C'est pourquoi il nous faut des armes de longue portée, pour arrêter aussi vite que possible cette agression." Selon le gouverneur de Lougansk, les Russes continuent d'avancer en territoire ukrainien "car ils détruisent tout à l'artillerie". Il en est convaincu : "Quand nous aurons reçu les mêmes types d'armements qu'eux, mais ceux venus de l'Ouest qui tirent bien plus loin, nous les arrêterons tout de suite !"