Si la double explosion qui a ébranlé une partie de Beyrouth doit sa violence aux 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium qui dormaient dans un hangar du port, le président libanais continue d'évoquer l'hypothèse d'un missile pour expliquer l'embrasement de ce stock. Sur place, des experts, dont certains sont français, doivent étudier toutes les pistes.
177 morts et plus de 6.500 blessés, c’est le constat effrayant de l’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août dernier. Des quartiers entiers de la capitale ont été dévastés et la colère du peuple a eu raison du gouvernement libanais. Deux semaines après cette catastrophe, les Libanais attendent toujours les résultats de l’enquête diligentée par les autorités.
À ce stade, la piste la plus probable reste celle de l’accident. Au départ, il y a un incendie dans un hangar du port. Il s’étend ensuite à un autre bâtiment où sont stockés les 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium à l’origine de la double explosion qui a ravagé une partie de Beyrouth. Mais le président Michel Aoun entretient le doute : "La piste du missile n’est pas exclue", a-t-il déclaré.
Une batterie d'experts américains et français
Pour l’élucider, il n'y aura pas d’enquête internationale, car le chef d’État libanais n’en veut pas. Le choix s'est donc porté sur une enquête locale, libanaise, menée avec l'appui de spécialistes américains, mais aussi de quinze experts français.
"On a travaillé au plus près de l’explosion sur la zone du cratère tout autour. On cherche tout ce qui a pu provoquer une explosion", explique à Europe 1 Christophe Abraham, technicien en chef de la police scientifique. "On parle depuis le début du nitrate d’ammonium, on en cherche bien sûr des traces, mais on cherche aussi d’autres carburants et comburants." Tous les éléments seront fournis aux forces libanaises.
Le président libanais le répète : la vérité est complexe, il faudra du temps. Pour l’instant, une vingtaine de responsables portuaires ont déjà été arrêtés ou interrogés. Des ministres doivent également être entendus dans les prochains jours. Pour les résultats concrets donc, il est impossible de donner une date, mais, à titre d’exemple, le verdict d’une autre enquête - internationale cette fois - doit être rendu demain. Il s'agit de l'enquête sur l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri… il y a 15 ans.