Donald Trump a défendu lundi sa politique migratoire qu'il a qualifiée de "bon sens", lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau qui, lui, s'est engagé à poursuivre une politique "d'ouverture" envers les réfugiés. Après avoir salué les relations entre leurs deux pays, alliés historiques qui partagent une grande frontière, les dirigeants américain et canadien ont laissé filtrer leur divergence d'approche sur la question migratoire. "Nous devons créer des frontières", a estimé le président républicain à la Maison-Blanche, qui a promulgué le 27 janvier un décret -actuellement bloqué par la justice- qui ferme temporairement les frontières des Etats-Unis aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane.
Welcome to the @WhiteHouse Prime Minister @JustinTrudeau! pic.twitter.com/WKgF8Zo9ri
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 13 février 2017
"Une posture de bon sens". Certes, a-t-il poursuivi, "nous devons laisser entrer les personnes qui peuvent aimer notre pays" et "nous voulons avoir une grande et magnifique porte ouverte". "Mais nous ne pouvons pas laisser les mauvaises personnes entrer" aux Etats-Unis, a expliqué le milliardaire. "Je ne laisserai pas ceci arriver sous mon administration. Les gens, les citoyens de notre pays veulent cela (...). C'est une posture de bon sens." Un bon sens agrémenté d'une dose de "fermeté", a insisté Donald Trump : "Nous ne voulons pas que notre pays connaisse le genre de problèmes auxquels nous assistons non seulement ici mais à travers le monde".
Le Canada garde la porte ouverte aux réfugiés. Troisième dirigeant étranger reçu à la Maison Blanche sous l'ère Trump, Justin Trudeau a exposé une position différente. Le Canada, a rappelé le Premier ministre, est concentré sur la sécurité de ses citoyens. Mais, en parallèle, "nous poursuivons notre politique d'ouverture envers les réfugiés sans compromettre notre sécurité", a affirmé Justin Trudeau, soulignant que son pays avait accueilli près de 40.000 réfugiés ces dernières années. Le dirigeant libéral a toutefois refusé de commenter la politique américaine en la matière. "La dernière chose qu'attendent les Canadiens est que je vienne donner des leçons à un autre pays sur sa façon de gouverner", a-t-il expliqué. "Mon rôle, notre responsabilité", a-t-il plaidé, "est d'être un modèle dans le monde" en matière d'immigration.
680 personnes arrêtées
Les autorités fédérales américaines de lutte contre l'immigration clandestine ont arrêté la semaine dernière plus de 680 personnes dans tous le pays, dont 75% avaient été condamnés par la justice pour divers délits. "Ces opérations ont ciblé des personnes menaçant la sécurité publique, telles que des étrangers condamnés pour des délits, des membres de gangs, ainsi que des individus qui ont violé les lois migratoires de notre pays, notamment ceux qui sont revenus dans le pays après une expulsion, et des fugitifs sous le coup d'un ordre de reconduite à la frontière signé par des juges fédéraux", a précisé le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly lundi, dans un communiqué qui ne précise pas si ces personnes étaient en situation irrégulière. Ces opérations ont provoqué l'émoi dans les communautés d'immigrés, associations et élus demandant au gouvernement de clarifier quelles catégories d'immigrés étaient visées par les contrôles.