Le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl a déposé plainte pour "diffamation" après des propos du vice-président du Front national Florian Philippot visant les policiers qui enquêtent sur les soupçons d'emplois fictifs du parti au Parlement européen, a appris l'AFP mardi auprès du ministère.
La plainte cible des propos tenus jeudi sur BFMTV, assimilant les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à une "police politique" et laissant entendre qu'un possible "système de corruption" permettait la fuite d'éléments de la procédure dans la presse.
"Une police politique". "Quand vous avez une police politique... les pauvres... Je vous assure, ils étaient là, ils ne savaient pas ce qu'ils devaient faire, ils ne savaient pas où ils devaient aller. Ils ont pris des dossiers qui n'avaient rien à voir, ils ont pris des dossiers liés à l'élection présidentielle d'une candidate d'opposition (...) On envoie la police de l'État pour chercher des dossiers liés à la présidentielle. Il faut que les gens voient ça", avait déclaré Florian Philippot en commentant les perquisitions dont a fait l'objet le 17 février le siège du Front national.
"Moi, la prochaine fois, je les mets sur ma chaîne Youtube. Je leur demande de dire 'mettez des pouces bleus', voyez... Il faut que les gens voient ça, il faut se rendre compte des dérives antidémocratiques de plus en plus graves dans notre pays", avait complété le responsable du parti d'extrême droite.
Un "système de corruption" à l'origine de fuites ? Florian Philippot avait également émis l'hypothèse qu'un "système de corruption" était à l'origine de fuites dans les médias. "Un enquêteur de perquisition a donné au Monde… peut-être contre de l'argent d'ailleurs, il y a peut-être un système de corruption d'ailleurs derrière tout ça (...) donc a violé le secret de l'instruction".
Des propos jugés "inadmissibles". "Les insinuations et menaces se multiplient pendant cette campagne présidentielle", avait déploré lundi le syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT), à l'unisson de plusieurs autres organisations de policiers qui s'alarment des attaques de responsables politiques contre la police et plus spécifiquement les enquêteurs anti-corruption. Selon le SCSI, les récentes déclarations jugées "inadmissibles" de Florian Philippot ont poussé les policiers de ce service à saisir leur hiérarchie "afin de déposer plainte en diffamation".