"Le flic". Dans un long article publié mardi, le magazine américain New Yorker dresse le portrait de Darren Wilson, "l’homme qui a tué Michael Brown" le jeune Noir non armé abattu à Ferguson il y a un an, le 9 août 2014. L'ex-policier qui a accordé une interview à l’auteur de l’article y affiche sa désinvolture.
Il n’a pas lu le rapport. Un an après l'homicide pour lequel il n'a pas été inculpé mais qui a déclenché des émeutes raciales sans précédent ces dernières années aux Etats-Unis, l'ancien agent de police de 29 ans semble à peine concerné par ce qui s’est passé. Il reconnaît n'avoir pas lu le rapport accablant du ministère de la Justice sur la police de Ferguson. "Je ne vais pas continuer à vivre dans le passé après ce que Ferguson a fait. J'ai n'ai pas de contrôle sur cela", dit-il dans l’entretien.
Il ne pense "pas vraiment" à Michael Brown. Interrogé au sujet de Michael Brown, l'ex-policier n'apparaît pas troublé par le décès du jeune homme. "Est-ce que je pense à qui il était en tant que personne ? Pas vraiment, parce qu'à ce stade, cela n'a pas d'importance. Est-ce que je pense qu'il a eu la meilleure éducation. Non. Pas du tout", confie-t-il au New Yorker. "Tout le monde se précipite pour dire que c'est une question de race. Ce n'en est pas une", assure-t-il aussi.
L'auteur de l'interview souligne que l'ex-policier emploie parfois un "langage racial codé". En analysant le comportement de jeunes Noirs lors d'une interpellation qu'il a menée, il déclare ainsi : "ils sont tellement empêtrés dans une culture différente", sans être capable de préciser sa pensée au journaliste.
Démis mais pas poursuivi.Darren Wilson a été démis de ses fonctions mais pas poursuivi en justice. En novembre, un grand jury avait décidé de ne pas l'inculper au pénal, une décision approuvée en mars par le ministère fédéral de la Justice, déclarant qu'il n'y avait pas assez de preuves pour le poursuivre. Depuis un an, l'ex-policier, qui n'a pas retrouvé de travail et estime que son passé le rend "inemployable", mène une existence "très tranquille" à Saint Louis dans le centre des Etats-Unis, tout près de Ferguson, constate le journaliste du New Yorker.
Avec son épouse, également une ancienne policière, il a acheté une maison grâce aux quelque 500.000 dollars de fonds récoltés par des soutiens ayant dressé Darren Wilson au rang de "héros", estimant que son cas illustre les difficultés du métier de policier dans les zones sensibles.