Erasmus au Royaume-Uni, c'est bel et bien terminé. Le pays a quitté le programme européen d'échanges universitaires bien connu des étudiants dans le cadre de son accord post-Brexit conclu jeudi avec l'UE. Pour justifier cette décision, à propos de laquelle le négociateur européen, Michel Barnier, a exprimé ses "regrets", le Premier ministre britannique a notamment invoqué des questions de coûts. Il a toutefois annoncé un programme mondial pour le remplacer. Invité d'Europe 1 samedi, le professeur de droit à l'université parisienne Panthéon-Sorbonne Thomas Clay déplore "l’abandon" par le Royaume-Uni "du socle culturel commun européen". Etudiant, il avait "fait partie de cette première génération à la fin des années 1980 qui a bénéficié de ce programme Erasmus".
"Ça va accentuer le détachement du Royaume-Uni du continent européen"
La fin du programme au Royaume-Uni "va accentuer sur le long terme son détachement du continent européen pour aller, peut-être, dériver encore un peu plus outre-Atlantique", regrette l'universitaire. Pour lui, la décision britannique est "une grande tristesse" en particulier pour ce pays mais aussi pour l'Europe, car "il n’y a pas de meilleure manière de construire l’Europe" qu'à travers "cette immersion dans un autre pays pendant un semestre où un an".
Grâce à Erasmus, rapporte-t-il, sa génération "a pu prendre conscience très vite de ce qu’était l’Europe, l’Europe en construction, de ce qu’étaient les étudiants des autres pays". Et le programme national de remplacement annoncé par Boris Johnson, nommé Alan Turing, du nom de ce célèbre mathématicien britannique, ne permettra vraisemblablement pas de maintenir un même volume d'échanges. Pour le moment, "vous payez vos droits d’inscription dans votre université normale. En France, les droits d’inscription pour une année de licence sont de 170 euros par an. Erasmus permet de payer vos droits d’inscription dans votre université française en passant six mois ou un an en Angleterre", explique Thomas Clay. "Avec l’abandon du programme, vous paierez les droits d’inscription anglais, de l’ordre de 10.000 euros par an, ce qui représente entre 50 et 100 fois plus que ce que vous payez aujourd’hui."
Pour le professeur, le choix britannique est donc non seulement une "très mauvaise décision pour les étudiants européens", mais aussi "pour les étudiants anglais qui ne seront plus accueillis dans ces conditions-là dans les universités européennes".